Hoazin.fr : le blog de Catherine Levesque
« Au moment où l’on devient amoureux, à cet instant précis, il se produit en nous une musique particulière. Elle est pour chacun différente et peut survenir à des moments inattendus… ». J’avais adoré le précédent marivaudage d’Emmanuel Mouret, Fais-moi plaisir !, grand moment burlesque où, déjà, Frédérique Bel et sa diction affectée déroutaient son partenaire à qui mieux mieux. A quoi pourrait donc ressembler cette ritournelle du coup de foudre, s’interroge le prologue de son sixième long-métrage ? Pour lui, elle se situe assurément dans le registre classique. Classique comme le titre d’Ovide dont s’inspire le film, L’Art d’aimer (voir la bande annonce) manuel amoureux paru en I (ben oui, l’an I).
Comme à son habitude, Emmannuelle Mouret, cinéaste brillant, nous offre un propos léger en apparence mais en réalité très subtil. Le réalisateur vit à Marseille mais ses personnages évoluent dans des décors ultra-parisiens, luxueux et bourgeois, remplis de livres et d’objets d’art. D’aucuns pourraient trouver ces palabres sentimentales nombrilistes. Il n’en est rien: les saynètes amoureuses de ce film bavard sont certes cérébrales, mais universelles. L’idée de tromper, est-ce déjà tromper ? Doit-on transgresser l’interdit ? Le ton est désuet, renforcé par les intertitres qui rythment les scènes (« Sans danger, le plaisir est moins vif », « Il ne faut pas refuser ce qu’on nous offre »…). La mise en scène dynamique est servie par une distribution savoureuse : Ariane Ascaride, Stanislas Merhar, François Cluzet, Laurent Stocker (parfait également, soit dit en passant, dans L’Exercice de l’Etat), Gaspard Ulliel, Julie Depardieu… On sent que les comédiens s’amusent dans ce bijou romanesque. Et le spectateur boit du petit lait. Judith Godrèche, qui orchestre l’aventure la plus inventive de tous ces entichements, donne une jolie définition de l’art d’aimer, si tant est qu’il y en ait un : « Aimer, c’est être deux dans le duel entre le monde et soi. »
Après une escalade verbale aride, où le ton monte sur une voie qu’on n’a pas choisie, qui vous laisse sans voix, il peut être salutaire d’escalader pour de vrai une paroi. Pas reine, marraine. La vie, même au ralenti, réserve des surprises, certes souvent mauvaises. Lundi matin, en me levant sans conviction, plutôt parce que mon chat m’y enjoignait jovialement, j’ignorais que le soir, je serais pieds au mur. Un mur d’escalade aussi intimidant que joyeux, hérissé de prises multicolores et de reliefs en fac-similé. C’était à la fac, justement, pour une opération baptisée « Assure ton réseau », qui visait à faire se rencontrer étudiants et professionnels pour apprendre à développer un réseau.
Résolument étudiante dans l’âme, j’ai endossé mon costume de professionnelle, façon Belmondo, équipée d’un baudrier. Mon jeune binôme (un étudiant en sociologie venu de Mauritanie) et moi nous sommes retrouvés encordés avec un double nœud de huit. J’ai dû assurer ce gaillard athlétique et véloce, qui s’est propulsé en quelques secondes à 10 m de hauteur.
Mon tour est venu. J’ai gravi 7 mètres assez facilement, sans l’élégance d’Adama toutefois. Inévitablement, j’ai regardé en bas et déclaré forfait (10 mètres, ça va pas la tête). Le moniteur m’a encouragée, pauvre Jeannie Longo sans EPO. Mon amie l’adrénaline m’a portée jusqu’au sommet, d’où je suis redescendue en rappel, aussi à l’aise qu’un koala sur la banquise. Mais j’ai touché du doigt ce plaisir simple qui consiste à se surpasser.
Deuxième voie, même hauteur, mais prises plus difficiles. Pas l’ombre d’un aigle dans le ciel du gymnase. Mes longs doigts hésitent, inutiles, peinent à m’arracher à cette force invisible qui vous tire vers le bas comme un chagrin d’amour vous plaque au sol, membres inactifs, cœur aplati. Le moniteur a fait son boulot de moniteur. La corde tendue d’Adama m’a offert un pas supplémentaire vers l’épuisement, le renoncement. Puis m’a ramenée lourdement vers le sol, où rampent les hommes et leurs viles bassesses.
Essoufflée, poignets contractés, j’ai pensé à Miossec, amoureux perpétuellement éploré : « Oui, je respire encore, je respire encore, même à bout de souffle, chaque seconde vaut de l’or. »
« Merci pour votre article sur l’exposition « Nantais venus d’ailleurs ». Vous faites allusion à l’exemplaire de L’Etranger que j’ai apporté du Chili. C’était le seul livre en français parmi 20, offert par un ami une semaine avant mon départ. Mes premières années en France, le statut d’étranger, c’était une fierté : j’étais quelqu’un, quelqu’un de différent. 37 ans plus tard, je me rends compte que le livre de Camus était en quelque sorte un passeport pour moi, la preuve que j’avais une culture, que j’étais capable de prendre la peau d’un personnage, de m’expatrier, de partir à la découverte de l’inconnu. Le lendemain de mon arrivée en France, je dus me rendre chez des amis à Sarcelles. J’ai croisé la rue Albert-Camus ! J’avais tout à construire, mais au Chili, je n’avais jamais vu de rue Albert-Camus. A présent, j’étais dans un pays plus cultivé qui donnait à ses avenues le nom de mes fantasmes, mes idoles, mes lumières. »
Cordialement,
Patricio Rojas San Martin
Dans les paysages enneigés du parc national de Forollhogna, en Norvège, on observe Vincent Munier qui observe les bœufs musqués. Impatient que la tempête arrive afin que ses images soient… meilleures, il nous confie ses impressions. Où l’on apprend que le confort et les conditions idéales constituent des notions très subjectives pour ce photographe esthète, amoureux de la neige et du blanc. « On considère souvent l’aspect poétique de ses images, moins l’aspect athlétique, pourtant bien réel ! », confie Laurent Joffrion, réalisateur angevin. Délicat petit présent pour qui aime la nature et la contemplation, ce film est vendu sous la forme d’un coffret avec 10 tirages de ce talentueux photographe (39 €).
– un pélardon affiné d’un mois (encore une Sentinelle Slow Food)
– une andouille de Guémené et un saucisson à l’ail de chez Rivoal (qui livre via Internet !)
– des infusions de L’Herbier des Palhas (venues de mon Cantal bien aimé)
– des marrons en bocal des Pyrénées
– un valençay de chez Jacquin
– une saucisse de Montbéliard Label rouge
– un chorizo du Pays basque
J’ai goûté un certain nombre de vins bio à l’Œnothèque avec mon verre en bandoulière. Le summum de la dégustation, je le dois à Pierre, patron du Comptoir Saint-Kerber, qui avait sur son stand quelques kilos de couteaux. Le mollusque, pas l’ustensile. Il a été dévalisé rapidement, mais j’ai eu l’immense privilège d’en goûter une poêlée, avec un mesclun et quelques pommes de terre savoureuses. C’est un coquillage ultra-raffiné… J’ai testé avec un savennières, mais j’ai préféré de loin avec le pineau d’Aunis déniché par Marie, qui a bien mieux supporté le piment d’Espelette du beurre Bordier. J’en profite pour vous signaler le 2e Salon des vignerons bio du 37, qui aura lieu à Rochecorbon les 10 et 11 décembre. Ça vaut la peine ! Il y aura un dîner bio le soir avec Bernard Charret, chef Slow Food des Chandelles gourmandes.
Mais revenons à l’événement de ce week-end, Euro Gusto : au rayon des pommes, on notera de belles découvertes grâce au Club des croqueurs de pomme de Touraine, qui nous ont fait goûter des variétés singulières : la cousinotte rouge d’hiver (bof, farineuse et insipide), la patte de loup (aspect peu rassurant, mais très bon goût)… La reinette du Mans reste l’une de mes favorites. Ben quoi, vous me trouvez chauvine ?