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    Une photo de Pierrick SorinC’est un bout du monde comme il en existe des milliers d’autres, une avancée des terres dans la mer qui suffit à lui conférer quelque intérêt, la dernière pointe formée par le littoral avant l’estuaire et Saint-Nazaire. En voyant la mer démontée, je pense à Kamakura, un mois plus tôt, une autre baie en bordure d’un Pacifique qui ne l’est guère pour les Japonais. Au large, des vraquiers posés tels deux gros Lego semblent renoncer à franchir la ligne d’horizon. A bonne distance l’un de l’autre, ils demeureront immobiles jusqu’au lendemain.

    Quand j’étais enfant, une promenade à la pointe Saint-Gildas sonnait comme quelque chose de solennel. Il fallait faire un peu de voiture. Nous dépassions Pornic, frontière au-delà de laquelle les bourgs se teintaient d’exotisme. La côte était plus rocheuse, constellées de berniques que nous arrachions à leur support minéral pour en faire de savoureuses poêlées. De berniques, au sud de Pornic, il n’y en avait point. Pas plus qu’il n’y avait de « grains de café », doux coquillages à l’ourlet crénelé que ma mère traquait sur le sable mouillé. Le blockhaus, immuable et mystérieux, ajoutait probablement à la singularité du lieu. Depuis le petit balcon de notre hôtel, je regarde l’imprenable bunker, partie prenante du paysage. Jamais, alors que je jouais à me faire peur à l’intérieur, je n’aurais imaginé possible de passer le jour de Noël à cet endroit. La pointe Saint-Gildas, figée dans mon imaginaire d’enfant, n’existe que l’été.

    Photo : Partie de volley (avec Michel) à La Bernerie. Œuvre (mythique) du Nantais Pierrick Sorin. © Pierrick Sorin.

    Pornic, à La Fontaine aux BretonsJe ne pouvais pas faire autrement. Le ciel était bleu, sans une traînée de nuages, la mer haute, le soleil franc et le vent quasiment absent. Alors j’ai enfilé mes claquettes, descendu la côte jusqu’à la rue de la Mer, direction la Grande Plage. On ne se refuse rien. C’est la plage de mon enfance mais j’ai tendance à la bouder. Trop de monde. Je préfère le charme des criques de la Boutinardière, en contrebas du sentier des douaniers, en lisière de Pornic.

    Pas question de se poser de question. J’entre dans l’eau sans hésiter. Elle est bonne. Quelques vagues me soulèvent et je nage tantôt dans un sens, vue sur la côte, les falaises au loin, tantôt dans l’autre, vue sur les voiliers de petite envergure. Ici, point de marina. Au large, Noirmoutier apparaît comme un mirage brouillé sur l’horizon. Tous ces souvenirs qui remontent à la surface de l’eau turbide, trop salée. Des paquets d’algues qui flottent, obstacles à la méditation.

    Alors que je décide de regagner ma serviette, je prête attention à cet instant légèrement étourdissant où le ressac s’oppose à une fine lame d’eau en contresens. Les pieds, alors, s’enfoncent un peu dans le sable mouillé et je ressens un bref vertige en les observant, comme quand j’étais enfant, prisonnière des sédiments.

    Les laisses de mer derrière soi, il faut ensuite retrouver sa place en cachant au mieux son bronzage agricole. C’est qu’on a l’impression que la plage entière vous regarde…

    Pendant qu’une brise caressante sèche ma peau assaisonnée, je saisis des bribes de conversations portées par le vent ou la promiscuité. La plage est un espace hors du temps où les vacanciers, débarrassés de leurs oripeaux estivaux, perdent tout statut social. Tout au mieux reconnaît-on un père, une mère, des amoureux. Prompts à se calfeutrer derrière des clôtures le reste de l’année, les plagistes ont pour toute intimité un emplacement réduit au rectangle d’une serviette ou d’un abri Quechua. Mais où sont passés les parasols de ma jeunesse ?