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    Posts Tagged ‘Nantes’

    La cantine de FredRegardez bien cette image, volée à mon ami Fred pendant qu’il dormait. C’est sa cantine. Ça fait un moment déjà qu’elle vogue vers les Kerguelen. Lui s’envole ce soir pour La Réunion et il embraque mercredi sur le Marion Dufresne II (sa rotation s’appelle OP3-2013). Entre temps, il aura bénéficié d’une formation au siège de l’administration des Terres australes et antarctiques françaises à Saint-Pierre. Fred a été marin et c’est tant mieux car la traversée de dix jours n’a pas grand chose de commun avec La Croisière s’amuse ! Je vous laisse juger en lisant les journaux de bord ou l’excellente BD d’Emmanuel Lepage, Voyage aux îles de la désolation.

    Lors de notre dernier Picon bière, à Nantes, j’ai demandé à Fred ce qu’il avait mis dans sa cantine. Il ne se souvenait pas de tout, mais je sais qu’il n’y a pas de chocolat (on ne joue pas avec la frustration à 12 971 km de Brest). Il y a une bouteille de champagne et la bouteille de bourgueil que je lui ai offerte (« Les Galichets » du Domaine de la Chevalerie), les cadeaux de Marie et de sa famille pour Noël et son anniversaire, un nécessaire de couture et un stock de Granola. J’aurais plutôt imaginé des galettes bretonnes pur beurre mais non, notre Brestois pur Finistère a choisi des Granola.

    Pour ma part, comme les « expatriés » des Terres australes affectionnent particulièrement les acronymes, je lui ai demandé de m’envoyer, s’il n’a pas trop de taf, une carte postale des TAAF postée de PAF (Port-aux-Français). Pas sûre qu’il y trouve les cartes ringardes ou décalées dont il a le secret, mais ce sera tout de même ma carte postale la plus timbrée. Je vous tiendrai au courant (des 50e Hurlants).

    Toujours happée par Nantes. Je vais finir par y demeurer, au sens rester dans une demeure. C’est désormais une question de mois. En attendant, c’est la saison du Voyage à Nantes et ce bel été (ou mon manque patent d’objectivité) fait que c’est un bon cru. Hier soir, nous avons testé un dîner du Goût des autres. Une chance, après la cuisine tchétchène, que Marie a expérimentée sans grande conviction, c’était le tour de la cuisine thaïe, une valeur sûre. Assis autour d’une solide table en bois de douze places, nous nous sommes régalés avec un bon muscadet de chez Bruno Cormerais. Malgré le grand nombre de convives, quasiment trois cents, l’ambiance était conviviale et tout le monde a applaudi à la fin. Une bénévole de l’association éponyme est venue nous expliquer leur démarche : soutenir et réinsérer des personnes sans papiers en valorisant leurs savoir-faire culinaires. Toutes les nationalités représentées (Azerbaïdjan, Algérie, Guinée, Turquie, Arménie, Côte-d’Ivoire, Kosovo, Albanie, Comores, Pérou, Afghanistan, Inde, Géorgie) concoctent ainsi des repas à la demande pour des groupes à partir de vingt (particuliers, entreprises…). Certains restaurateurs engagés leur prêtent leurs cuisines et leur matériel, mais les cuisinières interviennent aussi à domicile. Je trouve l’idée très séduisante.

    La nuit a fini par tomber sur l’île de Nantes, laissant s’enflammer les Anneaux de Buren et le Lunar Tree blafard de la butte Sainte-Anne, en grande discussion avec un timide croissant de Lune. Pendant ce temps-là, sur la place du Bouffay devenue minérale, les petites figurines tristes et intrigantes d’Isaac Cordal continuaient à s’affairer sur leur île de gravats. A l’image d’une ville et de ses îles en perpétuel renouveau.

    BristolBristol sous la pluie vous donne une tête de papier mâché, aussi triste qu’une chanson de Portishead, petite ville portuaire indiquée sur les panneaux routiers aux abords de la ville. Pourtant, même sous des trombes d’eau, la cité de Wallace & Gromit conserve une certaine gaieté qu’on attribuera tantôt aux façades colorées de Clifton Village, tantôt au flegme britannique rompu aux ondées et aux ciels tourmentés. Il y a quelque chose de nantais dans cette ville construite et reconstruite (après la guerre) au bord de l’Avon. Comme Nantes en France, c’est la sixième ville d’Angleterre. Elle vit naître un genre musical qui m’est cher, le trip hop, dont les plus grands représentants demeurent Portishead donc, Massive Attack et Tricky.

    En quittant la ville par le spectaculaire pont suspendu de Clifton, on retombe bien vite dans la campagne verdoyante du Somerset voisin, où Shaun the sheep n’est jamais bien loin… Encore très rural, le comté du cidre et du cheddar compte une multitude de routes minuscules et encaissées où il est impossible de croiser ne serait-ce qu’une Austin Mini, sauf à se serrer affablement sur les passing places prévues à cet effet. Randonner sur les chemins creux parfaitement entretenus du parc national d’Exmoor est un enchantement, au son des pouillots (fitis, siffleur et véloce) qui affectionnent les hautes futaies de hêtres et de chênes moussus. Polypodes, scolopendres, capillaires, les fougères foisonnent le long des murets de schiste couverts de linaires aux minuscules fleurs violettes et de nombrils de Vénus vert bouteille. Mousse, bouteille, ça ressemble à de la bière, ça. Bientôt l’heure de trinquer au pub avec une Cotleigh locale !

     

    Une photo de Pierrick SorinC’est un bout du monde comme il en existe des milliers d’autres, une avancée des terres dans la mer qui suffit à lui conférer quelque intérêt, la dernière pointe formée par le littoral avant l’estuaire et Saint-Nazaire. En voyant la mer démontée, je pense à Kamakura, un mois plus tôt, une autre baie en bordure d’un Pacifique qui ne l’est guère pour les Japonais. Au large, des vraquiers posés tels deux gros Lego semblent renoncer à franchir la ligne d’horizon. A bonne distance l’un de l’autre, ils demeureront immobiles jusqu’au lendemain.

    Quand j’étais enfant, une promenade à la pointe Saint-Gildas sonnait comme quelque chose de solennel. Il fallait faire un peu de voiture. Nous dépassions Pornic, frontière au-delà de laquelle les bourgs se teintaient d’exotisme. La côte était plus rocheuse, constellées de berniques que nous arrachions à leur support minéral pour en faire de savoureuses poêlées. De berniques, au sud de Pornic, il n’y en avait point. Pas plus qu’il n’y avait de « grains de café », doux coquillages à l’ourlet crénelé que ma mère traquait sur le sable mouillé. Le blockhaus, immuable et mystérieux, ajoutait probablement à la singularité du lieu. Depuis le petit balcon de notre hôtel, je regarde l’imprenable bunker, partie prenante du paysage. Jamais, alors que je jouais à me faire peur à l’intérieur, je n’aurais imaginé possible de passer le jour de Noël à cet endroit. La pointe Saint-Gildas, figée dans mon imaginaire d’enfant, n’existe que l’été.

    Photo : Partie de volley (avec Michel) à La Bernerie. Œuvre (mythique) du Nantais Pierrick Sorin. © Pierrick Sorin.

    La couverture des IgnorantsPour la supposée soirée de la fin du monde, avant-hier, nous nous offrons un bel apéritif au bar La Provence, près de la place Royale, à Nantes. Impossible d’acheter la moindre bouteille d’alcool dans la ville : un arrêté préfectoral l’interdit par crainte des débordements. Nathie m’explique sommairement : le grand manitou Facebook invite à une murge collective pour affronter la fin du monde sans douleur. Soit.

    Sur le zinc (un vrai) de La Provence, je soudoie donc l’affable Jean-Luc (planqué derrière sa trancheuse à jambon) par quelques mots éclairés, désignant sur sa carte des vins « Les Noëls de Montbenaut ». Ce coteau-du-layon, il le vend 27 euros les 50 cl, mais vous comprenez, je ne veux pas boire tout ça, moi, alors juste un verre siouplaît. Il accepte, bonhomme. Et moi je le renifle, ce nectar dont la BD m’a fait rêver. Nez miellé, légèrement beurré, couleur dorée, une incroyable longueur en bouche qui vous tapisse le palais. Slurp.

    Honte à moi, je n’ai pas retenu le millésime, enchaînant brutalement avec un verre de coteau-du-loir du domaine Nicolas, dont la saveur de pineau d’Aunis aurait fait tomber Hélène de son tabouret si elle avait été assise là. C’est toujours avec un plaisir non dissimulé que je bois du (bon) vin sarthois quand d’aucuns pensent que ça n’existe pas. Mais revenons à notre coteau-du-layon : j’ai supposé que c’était l’un des derniers qu’il avait produits, ce fameux Richard Leroy. D’après mes lectures, ce chantre de la biodynamie a cessé de faire des liquoreux pour s’affranchir totalement des sulfites, qu’il est impossible d’éviter sur ce type de vin. Voici ce qu’en dit la Revue du vin de France :

    « De son vignoble de poche (2,7 ha sur des schistes gréseux et rhyolites), Richard Leroy sélectionne comme un orpailleur ses raisins (en culture bio) et produit de grands secs, qu’il élève méticuleusement en barriques dans un garage reconverti en cave. Tous les fous du cépage chenin suivent avec passion cette excitante production. Depuis 2008 les vins ne sont plus produits en appellation anjou mais en vin de table. »

    Le bar microscopique La Jetée

    Tomoyo à son bar« RER », train express, train touristique, funiculaire, œufs, bateau (pirate), marche, bus, train omnibus, « RER ». Dix moyens de transports en une journée, pas moins. Et une multitude de Japonais à qui ça n’avait pas l’air de déplaire. Peu d’occidentaux. Nous, on n’a pas aimé cette succession de norimono qui mènent qui à des fumerolles, qui sur un lac, certes joli, mais pas renversant. Et ce mont Fuji qui n’a daigné montrer que le bout de son sommet… Plus assez de courage pour se plonger dans un onsen dont l’eau chaude risquerait de nous ramollir définitivement.

    En voyage, il y a toujours une journée  décevante. C’est comme ça. Le lieu où l’on va sans trop savoir si les guides ont raison ou pas de vous y conduire. Le besoin de vérifier. C’est valable dans l’autre sens. Et il y a toujours un petit miracle. Le nôtre a eu lieu hier soir, à Tokyo, dans le Golden Gai (rien à voir avec le monde gay, pas question d’amplifier la polémique qui semble enfler en France…). C’est un bout de quartier enclavé dans Shinzuku, entre un Uniqlo géant et des milliers d’enseignes lumineuses. Ça grouille de partout, on s’engage dans une venelle bordée de verdure et tout s’arrête. Une première ruelle, puis deux, cinq comme ça, parallèles et pas très longues, où s’alignent 200 bars de 4 m2 en moyenne.  Parce que la plupart réservent leur petite surface à des habitués, on en avait repéré un au nom français, La Jetée, qui est le titre d’un moyen métrage de Chris Marker. Décédé récemment, ce réalisateur avait attiré mon attention car il était proche d’Agnès Varda. Dans la ruelle étroite, nous repérons donc la porte à l’effigie de M. CHAT. Nous grimpons un petit escalier raide et nous entrons dans l’antre de LA cinéphilie. Une femme est seule derrière son bar et nous accueille dans un bon français. Nous nous installons au comptoir (pas de place pour plus de 2 personnes). Je lui demande combien de personnes elle peut servir dans une pièce si petite. Espiègle, Tomoyo me répond que ça dépend des nationalités ! Et nous parlons cinéma, pendant que je sirote mon alcool d’abricot, fascinée par sa culture cinématographique. Elle vient souvent en France, à Nantes notamment, pour le Festival des 3 continents qui, étrange hasard, commençait hier. Tout en parlant, elle nous cuisine des pommes de terre (nukago, des graines si j’ai bien compris) proportionnelles à la taille de son bar, à tel point que nous prenons au départ pour des olives… C’est succulent… Les nombreuses bouteilles de whisky, japonais ou pas, portent le nom des habitués qui les consomment, célèbres ou pas. Car de nombreux réalisateurs et autres personnalités ont, comme nous, échoué dans ce lieu insolite : Deneuve, Tarantino… ou Alex Beaupain. Je l’imagine sans peine aux Studio ou au Katorza. Un moment de grâce cinéphile.