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    Souvenir du Festival de Chaumont-sur-Loire« Au moment où l’on devient amoureux, à cet instant précis, il se produit en nous une musique particulière. Elle est pour chacun différente et peut survenir à des moments inattendus… ». J’avais adoré le précédent marivaudage d’Emmanuel Mouret, Fais-moi plaisir !, grand moment burlesque où, déjà, Frédérique Bel et sa diction affectée déroutaient son partenaire à qui mieux mieux. A quoi pourrait donc ressembler cette ritournelle du coup de foudre, s’interroge  le prologue de son sixième long-métrage ? Pour lui, elle se situe assurément dans le registre classique. Classique comme le titre d’Ovide dont s’inspire le film, L’Art d’aimer (voir la bande annonce) manuel amoureux paru en I (ben oui, l’an I).

    Comme à son habitude, Emmannuelle Mouret, cinéaste brillant, nous offre un propos léger en apparence mais en réalité très subtil. Le réalisateur vit à Marseille mais ses personnages évoluent dans des décors ultra-parisiens, luxueux et bourgeois, remplis de livres et d’objets d’art. D’aucuns pourraient trouver ces palabres sentimentales nombrilistes. Il n’en est rien: les saynètes amoureuses de ce film bavard sont certes cérébrales, mais universelles. L’idée de tromper, est-ce déjà tromper ? Doit-on transgresser l’interdit ? Le ton est désuet, renforcé par les intertitres qui rythment les scènes (« Sans danger, le plaisir est moins vif », « Il ne faut pas refuser ce qu’on nous offre »…). La mise en scène dynamique est servie par une distribution savoureuse : Ariane Ascaride, Stanislas Merhar, François Cluzet, Laurent Stocker (parfait également, soit dit en passant, dans L’Exercice de l’Etat), Gaspard Ulliel, Julie Depardieu… On sent que les comédiens s’amusent dans ce bijou romanesque. Et le spectateur boit du petit lait. Judith Godrèche, qui orchestre l’aventure la plus inventive de tous ces entichements, donne une jolie définition de l’art d’aimer, si tant est qu’il y en ait un : « Aimer, c’est être deux dans le duel entre le monde et soi. »