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J'anime un 2ème blog dans lequel je propose une sélection de sites Web, de vidéos et d'articles divers trouvés sur Internet.
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    novembre, 2012

    L’ukiyo-e  est un mouvement artistique japonais de l’époque d’Edo comprenant non seulement une peinture populaire et narrative originale, mais aussi et surtout les estampes japonaises gravées sur bois. Dans son sens ancien, le « monde flottant » est lourdement chargé de notions bouddhiques, avec des connotations mettant l’accent sur la réalité d’un monde où la seule chose certaine, c’est l’impermanence de toute chose.

    « Vivre uniquement le moment présent,
    se livrer tout entier à la contemplation
    de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier
    et de la feuille d’érable… ne pas se laisser abattre
    par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître
    sur son visage, mais dériver comme une calebasse
    sur la rivière, c’est ce qui s’appelle ukiyo. »

    Préface d’Asai Ryōi dans Les Contes du monde flottant (env. 1665).

    Source : Wikipédia

    Imaginez une petite pièce d’eau rectangulaire de 2 mètres carrés avec une baignoire relativement basse. Vous déposez votre yukata (kimono léger) dans la minuscule pièce qui sert de sas (et vous n’arrivez pas habillée de pied en cap comme je l’ai fait ce soir). A l’aide du pommeau de douche ou des petites bassines posées au sol, vous vous rincez abondamment près de la baignoire, qui pour l’heure est couverte d’une sorte de mini « liner » destiné à conserver la chaleur de l’eau. Vous enroulez cette protection sur elle-même de manière à pénétrer dans la dite eau, dont la température est idéale pour se relaxer (du moins, ce fut mon cas). Quand vous vous glissez dans la baignoire, elle déborde mais pas de panique, ça n’est pas grave. Il y a un trop-plein conçu à cet effet sur le sol. Ouf. Immergée, vous pouvez donc méditer sans plus attendre sur les bizarreries des dernières 24 heures :

    1 – La vitrine et le slogan en français d’un Love hotel à Tokyo, hier soir, où l’on propose des tarifs pour une heure, deux heures ou plus si affinités confirmées.

    2 – Le mont Fuji revu depuis le shinkansen (le fameux train ultrarapide) en roulant vers Kyoto : il m’a paru trappu, privé de sa cime prisonnière des nuages. Je le suppose plus beau de loin.

    3 – Une ardoise annonçant le beaujolais nouveau dans un resto de Kyoto.

    4 – La première contravention de vélo mal garé (Florent Chavouet en est plusieurs fois victime dans Tokyo Sanpo).

    Vous sortez du bain une fois ce petit film mental achevé. Et là, seulement là, vous vous lavez à grand renfort de savon jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une bulle. Vous retournez alors au bain terminer ce petit rituel, comme il en existe beaucoup d’autres ici. Le mode d’emploi spécifie qu’on peut même chanter une petite chanson (spéciale dédicace au petit être brun).

     

    Le Pacifique à Kamakura

    Le Pacifique à Kamakura, au sud de Tokyo.

    Nawi furi-ki (la terre trembla). Le 11 mars 2011, à 14 h 46 minutes et 44 secondes, un tremblement de terre a ébranlé le Japon pendant plus de deux minutes (9 sur l’échelle de Richter). Le pays s’est déplacé de 5 mètres vers l’est et l’axe de rotation de la Terre a bougé de 10 cm. Grâce aux capteurs disséminés dans tout le pays et au fond des mers, il a fallu une dizaine de secondes pour donner l’alerte jusque sur les écrans de télévision, ce qui a permis, entre autres, de stopper les 27 trains ultrarapides lancés à grande vitesse pour éviter qu’ils ne déraillent. Les deux tours de la mairie de Tokyo (243 m) ont tangué. A Yokohama, au sud de la capitale, un parking souterrain est devenu aérien. Ce jour-là, les sismographes enregistrèrent 78 secousses. Sur toute la semaine, les Japonais en subirent 400. Cela ne prit fin que le 8 juin… Le Japon subit ainsi 20 % des séismes les plus violents enregistrés chaque année dans le monde.

    Source : Fukushima, récit d’un désastre, Michaël Ferrier, NRF Gallimard (dont je vous conseille vivement la lecture).

    Comme l’ornithorynque en Australie, le mont Fuji constitue mon obsession nipponne. C’était déjà le cas bien avant d’y mettre les pieds (idem pour le monotrème à bec). Je savais que ce volcan que nous nommons par erreur Fujyama était visible depuis certaines tours de Tokyo (il n’est qu’à 100 km et tutoie tout de même les 3 800 m), mais je ne m’attendais pas l’entrevoir aujourd’hui à Kamakura. Nous étions dans le temple de Kencho-ji. Après une petite séance de méditation dans le Hojo, ceint par un délicat jardin zen (cf. photo), nous avons grimpé jusqu’au Hanso-bo (Hélène voulait voir le Pacifique, son obsession à elle). Par-delà les cryptomères verts, nous avons pu apercevoir la mer. Hélène m’a attirée vers une petite plateforme de bois où une vulgaire affiche montrait un Fujisan enneigé. En nous concentrant sur la brume qui enveloppait l’horizon, nous avons fini par en distinguer la forme parfaite, irréelle, comme une aquarelle délavée. J’ai même assez vite deviné la neige qui recouvre une partie de son flanc sud.

    En rentrant à Tokyo, Hélène (décidément, l’aurais-je embarquée pour ça ?) m’a sortie de ma torpeur métropolitaine pour me signaler de nouveau la silhouette conique, dessinée cette fois à l’encre de Chine sur un ciel coupé en deux comme une toile de Rothko : orange en bas, bleu sombre au-dessus. Vision fugace. Je ne suis pas certaine d’arriver à 36.

    Avons remarqué qu’en matière de gastronomie et de vin, la France fait évidemment référence. A tel point que sur pas mal d’articles de vaisselle, des phrases sont écrites dans la langue d’un Molière… qui se serait hybridé avec Soseki. Voyez l’exemple de cette photo, une assiette où l’on peut lire « la pain » (rien à voir avec l’animal, puisqu’il est en dessous question de baguette et de croissant). Plus éloquente encore, la phrase qui figure sur les mugs de notre petit déjeuner :

    « Le temps quand le lait est entièrement mis dans le café et il boit est le plus heureux ».

    Dont acte.

     

    Les vélos : bien plus nombreux que je ne l’imaginais, ils sont omniprésents dans la ville, du moins dans le nord-ouest, et plutôt de style hollandais. Par temps de pluie, les cyclistes tokyoïtes pédalent élégamment un parapluie dans une main, le guidon dans l’autre. A petite vitesse donc.

    • Les toilettes : quel que soit le modèle – à la turque (version nipponne), à lunette chauffante (même dans de petits restos) ou sophistiqué (avec jet d’eau tiède à deux directions et intensité modulable + fond sonore de cascade à volume réglable) – leur propreté est toujours irréprochable.

    Les chiens : généralement de petit taille, ils ne dédaignent pas être habillés et circulent parfois en poussette. Plus sobres et plus autonomes, les chats tolèrent des colliers incrustés de (faux ?) diamants et présentent souvent une queue atrophiée.

    • Les fils électriques : abondants, ils forment des nœuds qui attirent l’œil vers le ciel. On a envie de les démêler pour rendre service.

    • Les cimetières : ils sont hérissés de panneaux verticaux en bois couverts d’idéogrammes envoûtants comme un mikado géant.

    • Les statuettes des temples : qu’elles soient Bouddha ou renards, elles sont munies d’un bavoir rouge orangé en plus ou moins bon état qui nous intrigue.

    Photos 2, 4, 5 et 6 by Neelhe.