Il fait nuit sous ma mansarde, pas tout à fait dans le ciel. Seule ma petite lampe led Fatboy éclaire un coin de mon vieux bureau. C’est suffisant. Dans quelques jours, ce sera le plus long jour de l’année. J’aime ces journées qui s’éternisent, et avec elles les escadrilles sifflantes des martinets qui fascinent mes chats.
J’écoute Ultra-skimming, la compilation de MisterLau, plus connu sous son nom de ville, Laurent Geneix, qui me l’a offerte à la faveur d’un dîner nippon à la maison, hier soir. Depuis 25 ans, ce quarantenaire mélomane est à l’affût des nouveautés. Moult achats plus ou moins raisonnables se sont sédimentés au fil des ans sous la forme d’une CDthèque de 1 500 disques. Sauvé in extremis d’une vie d’errance chez les disquaires, notre brave Laurent a découvert Deezer. Il y stocke compulsivement les morceaux qui retiennent son attention dans une liste de présélection. Posologie : une centaine de titres par mois. Puis il en extrait la substantifique moelle légalement sur iTunes selon un procédé de distillation tenu secret à ce jour. Une vingtaine de morceaux survivent à cet « ultime écrémage » et atterrissent sur deux CDs qu’il offre à des amis ou des personnes importantes du moment.
C’est ainsi que le volume 22 a déboulé dans mes pavillons engourdis (ainsi que chez un couple établi dans la Vienne). Outre le fait que le concept me plaît, la plupart des morceaux me séduisent à la première écoute (La Femme notamment, qui nous somme de prendre le bus ; Daughter et sa sublime reprise du Get Lucky de Daft Punk…). Est-ce une question de génération ? Une proximité naturelle due à nos profils professionnels ? Foin de sociologie à deux balles, j’ai plaisir à découvrir ces nouveautés avec fainéantise. Ça me rappelle mes déambulations parisiennes à la Fédération-national-d’achats-des-cadres, quand j’avais le temps de serrer mon crâne sous l’arceau d’un casque filaire bien souvent déglingué. Et puis Daho a sorti un nouveau tube hier… Alors bain de jouvence pour bain de jouvence ! Daho, il dit toujours la même chose à la radio, il chante toujours la même chose et rit comme en 1986. Ça m’agace et ça me rassure à la fois. Daho n’a pas changé et peut-être que moi non plus. Il fabrique des tubes et j’adore les vider sur ma brosse à dents. Pour mieux sourire.