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    Vipère péliadeIl y en a qui connaissent les coins à champignons. Gilles connaît les places des vipères péliades. Oui, on dit une place dans le jargon naturaliste. Comme une station quand il s’agit de plantes… ou de métro.

    On a emprunté un petit sentier de rando plutôt raide, à Milin ar Lann, jusqu’à une lande superbe où bourdonnaient quelques insectes. « Là, on cherche », a dit Gilles, volontiers laconique, alors on a cherché. Moi, bien sûr, je n’ai rien trouvé, que dalle, hormis un minuscule lézard vivipare. Gilles, il a retrouvé sans mal quelques-unes des vipères déjà repérées le matin. Parce que Gilles, oui, va voir ses vipères deux fois par jour, le week-end. C’est sa posologie.

    Si on lui demande pourquoi cette passion, il répond : « Probablement pour les mêmes raisons qui font que la plupart des gens les redoutent ». Voilà. Pourquoi chercher à comprendre l’incompréhensible ? Certains collectionnent bien les taille-crayons. Pire, on leur donne un nom : les molubdotémophiles. Gilles, c’est moins grave. Il est juste herpétologue. Mais ça peut faire mal. Un jour il s’est fait mordre.  » C’est parce que je l’ai manipulée… Le seul coupable, c’était moi. Pour éviter tout accident, portez des bottes et laissez-les tranquilles ! » Pas de souci : j’aime les regarder, tant elles passent inaperçues à mes yeux de prosélyte, mais il ne me viendrait pas à l’idée d’y toucher. Celles qu’on observe ce jour-là sont en mue : elles ont les yeux bleus et vitreux, alors qu’ils sont rouges d’ordinaire. Dès que je m’approche trop, elles disparaissent et leur reptation silencieuse me captive autant que le vol d’un oiseau.

    Au départ, Gilles s’amusait à les compter. Encouragé par un scientifique, il a décidé de les suivre individuellement depuis 2000. Il a délimité un petit territoire à dix minutes en vélo de l’Ile Grande : 600 mètres de haies et de talus dont il fait le tour en moins de deux heures, une cinquantaine de fois par an, pour les “photo-capturer”. « Contrairement à la vipère aspic, qui présente la même taille d’écailles sur le corps et sur la tête, la vipère péliade a trois plaques céphaliques plus grosses sur la tête. Je photographie ce détail et le zigzag qui commence sur la nuque, différents selon les individus. » On en compte plus de 300 au catalogue : des blondes, des brunes, des rousses… Certaines, il peut le prouver, affichent au moins treize ans au compteur !

    Moi, je connaissais la boule de flipper. Corynne Charby peut aller se rhabiller. Gilles, lui, préfère les “boule de vipères”. Âmes sensibles, s’abstenir ! « Plusieurs mâles tentent parfois de s’accoupler avec la même femelle (ben tiens, NDLR). Il peut aussi s’agir d’individus qui profitent d’une même place d’insolation. » Là où je vois une partie fine de reptiles aux mœurs débridées, Gilles évoque « un regroupement écologique ». Et de citer le cas de ces femelles qui se réchauffaient ensemble, accélérant ainsi la maturation de leurs embryons. Il en sait des choses, Gilles.

    Photo © Gilles Bentz.