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J'anime un 2ème blog dans lequel je propose une sélection de sites Web, de vidéos et d'articles divers trouvés sur Internet.
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    Beatle crisis La crise. C’est le mot de l’année. On finit par redouter d’allumer le poste de crainte de l’entendre. Litanie anxiogène et paralysante. J’ai pourtant tenté d’apprivoiser ce terme depuis quelques années. En commençant par participer en 2009 à l’université d’été de l’Institut des hautes études pour la science et la technologie, un établissement public qui met ses auditeurs en situation d' »intelligence partagée ». Pendant plusieurs jours quasi monastiques, mes collègues et moi avions bûché avec des spécialistes sur « L’économie, une science qui nous gouverne ? Leçons des crises ». Depuis, je m’accroche. Rien n’a changé. Les choses ont empiré. J’essaie de piger. Je complète mes connaissances en participant aux Green Forums du WWF, toujours très éclairants.
    Lors du Green Forum 2011, qui portait sur « La (re)conversion écologique de l’économie, source d’emplois ? » (télécharger les échanges), j’ai été séduite par le discours d’Eloi Laurent, économiste et conseiller scientifique à  l’Observatoire français des conjonctures économiques.

    Auteur de La Nouvelle Ecologie politique, en 2008 (lire la critique d’Alternatives économiques), il a sorti cette année Social-Ecologie chez Flammarion (écouter l’émission sur France Culture), qui développe le propos qui m’avait séduite durant la présentation de son PowerPoint.

    Propos que je vais tenter de résumer en toute humilité. Il part d’un paradoxe : nous n’avons jamais eu une meilleure connaissance scientifique de notre environnement et sa dégradation n’a jamais été aussi forte. Plus nous avons conscience de la crise écologique que nous traversons et plus grandit le pessimisme quant à notre capacité à la résoudre. Je serais tentée de dire que cela vaut pour toutes les crises concomitantes (financière, économique…), mais ça n’engage que moi ! C’est là qu’arrivent les sciences sociales, seules capables aux yeux d’Eloi Laurent de « réconcilier les impératifs contradictoires de progrès et de conservation ».

    Vers une société soutenable ?

    Alors que la tendance voudrait opposer l’impératif social à l’impératif environnemental, la « social-écologie » défendue par l’économiste porte le message suivant et ça va mieux en le disant : « Nos sociétés seront plus justes si elles sont plus soutenables, et elles seront plus soutenables si elles sont plus justes ». Précisons cette pensée, déjà esquissée lors de la conférence de Stockholm, en 1972, qu’on peut considérer comme le premier Sommet de la Terre. On y notait alors que dans les pays en voie de développement, nombre de problèmes environnementaux étaient causés par le sous-développement. Les négociations successives autour des changements climatiques confortent cette idée que la clé des débats écologiques réside dans la justice entre les humains. Même combat à Nagoya, l’an passé : la préservation de la biodiversité de nos écosystèmes passe par une répartition équitable des ressources naturelles.

    La démocratie, remède à la crise écologique

    Malgré tout, force est de constater que rien ne va dans ce sens. Les yeux rivés sur la croissance des PIB et les soubresauts de la Bourse, on ne peut que courir assoiffé vers le mirage du développement soutenable. Par sa capacité à réduire les inégalités, la démocratie se révélerait, selon Eloi Laurent, le meilleur recours pour faire face à l’urgence écologique. La question est donc éminemment politique. « Comment faire renaître le goût du long terme dans une société rivée aux souffrances du présent ? », s’interroge-t-il dans cet essai brillant. J’espère vivement que le Père Noël le déposera au pied du sapin de tous les candidats aux prochaines présidentielles. Et je conclurai sur une pirouette un peu facile de Francis Blanche, reprise récemment par Eva Joly et raillée dans Libé : « L’urgence n’est pas de changer le pansement, mais de penser le changement ».

    Photo : CC BY NC-SA w3i_yu sur Flickr