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    janvier, 2012

    Dominique A en concert à Allonnes, le 23 janvier 2012 Il arrive sur scène sans crier gare comme un débutant alors que ça fait vingt ans. C’était d’ailleurs sur cette scène confidentielle de la ville sans âme où j’ai grandi, Allonnes, en banlieue du Mans. Curieuse coïncidence, quand j’y pense.

    Nous avons garé la voiture près du bourg, non loin de la boutique de Maurice Chausseur où ma mère achetait nos souliers. En quelques pas allongés, pressés, nous sommes devant la scène, groupies fidèles engoncées dans nos manteaux d’hiver.

    Il dit que le concert commence par la fin. C’est un peu vrai. Deux musiciens pour reprendre les titres de La Fossette, album culte peut-être mais pas franchement mon préféré, hormis le morceau du Courage des oiseaux sans lequel, dit-il, il ne serait pas là ce soir. C’est un peu vrai aussi. Il n’empêche que c’est intense, avec cet accordéon plaintif et ce texte intrigant sur les lapins, mais pas aussi intense que la deuxième partie, où un quintette à vents s’installe en fond de scène.

    La longue intro me rappelle Pierre et le Loup, le basson très vite exhume mes peurs d’enfant.

    Les gouttelettes de sueur perlent sur le crâne nu du chanteur, luisant comme un clair de lune dans la brume artificielle de la salle Jean Carmet. Elles forment bientôt une discrète rivière qui suivra les sillons de part et d’autre du menton prognathe. Ses ongles sont coupés courts et il porte toujours ses Clarks, sa chemisette noire ajustée.

    Parfois, il lance la tête vers l’arrière quand il ne s’agit pas de la jambe gauche, projetée vers l’avant dans un geste martial, incontrôlé. Et voilà qu’il cite le lamantin, « un phoque ». A cheval sur la systématique, je me dis que non, le lamantin n’est pas un phoque.

    Après le concert, pendant que nous sirotons une bière, il finit par arriver, comme à son habitude, bouteille de 16 à la main, large sourire dégageant des dents régulières. Je m’approche de lui. Dominique A – être supérieur – ne peut ignorer que le lamantin n’est pas un phoque. Un mammifère aquatique, d’accord, mais un phoque, quand même ! « Ah bon ? me répond-il, amusé. Très bien, merci. Je vérifierai ! » Pour le prochain concert auquel j’assisterai, à Nantes, dois-je le prévenir  que le lapin n’est pas un rongeur. C’est un lagomorphe. Et Dominique A un artiste tout ce qu’il y a de plus humain, qui chérit les arbres, les lapins et les lamantins.

    Photos : Dominique A en concert, le lundi 23 janvier, à Allonnes. Après le concert, mini-conférence sur le lamantin avec votre serviteuse. © Catherine Levesque et Fabrice Lemaréchal.

    Forêt de mélèzes dans les Hautes-AlpesMalgré la distance qui sépare ce post du précédent (est-ce cette léthargie hivernale qui espace mes écrits ?), il y a un lien évident entre les deux : l’eau et la quiétude. Cap à l’est, encore plus à l’est, au bord du lac Baïkal où s’est réfugié Sylvain Tesson six mois durant. Il a investi une cabane en bois à 50 m du bord de cette « mer » fascinante, en plein hiver sibérien, et vaille que vaille ! Je me suis plongée dans la lecture de son livre, Dans les forêts de Sibérie, il y a quelques jours, et j’avoue que j’aimerais bien pouvoir le finir d’une traite comme une rasade de vodka glacée, avoir comme lui l’immense privilège de consacrer du temps à des livres précieux sans interférence, dans le calme d’une isba de fortune, à condition qu’il y fasse plus chaud que dans la sienne ! Ce trip à la Thoreau me parle plus que jamais et je ne suis pas la seule. Encore faut-il avoir le culot de prendre la décision de s’échapper ainsi, sur une durée définie, pour une vie solitaire en autarcie qui remet le temps et les idées à leur place, débarrasse des scories matérialistes dont nous encombre la vie quotidienne. Dormir, se lever, se réchauffer, lire, boire du thé dans la journée, de l’alcool à la nuit tombée (il y aurait un vin de Loire capable de concurrencer la vodka dont Tesson fait bon usage, que ça m’arrangerait), marcher, contempler les arbres, la lumière qui change, la mésange au carreau, se faire à manger, ramasser du bois, puis dormir encore, lire encore… Bref, revenir à l’essentiel. L’essence, le sens, les sens.

    © C. Levesque. Forêt de mélèzes dans les Hautes-Alpes.

    Ahhh… Pfff… Ouhh… Plouf… Je vais manquer d’onomatopées pour décrire l’état de béatitude dans lequel ce séjour à La Clairière me met. Déjà 24 heures dûment… ramollies, en peignoir entre le spa et le lit. Bon, il y a bien eu la pause dîner (délicieux, arrosé d’un pinot noir bio) et le petit déjeuner gargantuesque, avec des pains sublimes, du kougelhopf (on est en Alsace, au fait, à La Petite-Pierre) et des crêpes à se damner. Pas une once de neige dehors mais une immense forêt dénudée, celle des Vosges du Nord, classée réserve mondiale de biosphère par l’Unesco.

    J’ai beau aimer ce paysage, j’avoue ne pas mettre un pied dehors. Trop bien dedans. Ce matin, tout a commencé par un soin en baignoire duo chargée en oligo-éléments, suivi d’un modelage relaxant divin. Lecture en salle de repos sur des lits électriques très confortables, face à la forêt. Puis une demi-heure de longueurs dans la très belle piscine intérieure, seule. C’est la plus propice à la baignade (28 degrés) ; l’autre, non moins agréable (30 °C), est dehors. Plus petite mais dotée d’hydrojets efficaces, elle jouxte le « whirlpool » (comprenez jacuzzi) où je mitonne régulièrement à gros bouillons. De là, j’observe derrière la large baie vitrée le petit être brun qui en sonde les profondeurs tel un cachalot. Il disparaît dans la vapeur d’eau et je ne vois bientôt plus que ses pieds qui disparaissent à leur tour dans l’eau noire, à la verticale. Une drôle de bestiole échevelée réapparaît alors plus loin, façon grèbe huppé.

    Après ces ablutions salutaires, voici venu le temps des étuves. Quatre étapes pour cuire à point : un passage au tépidarium-caldarium, à la chaleur douce et humide, idéal avant le véritable bain de vapeur, à la température plus élevée. On passe ensuite à la chaleur sèche du light sauna (60 degrés) avec chromothérapie. Une pause rafraîchissante dans le pédiluve, histoire de stimuler la circulation, et on fait moins la maline dans le sauna finlandais à 80 degrés. Il faut dire que, si on fait les choses bien, on s’immerge pour finir dans un bac à eau glaciale… mais revitalisante. Ça m’a rappelé la Laponie, où j’étais sortie du sauna direct sur la neige, ou encore le bain nordique d’Alta Terra, dans la Cantal. Le choc thermique procure une forme d’ivresse très particulière. On en tituberait presque ! Autre plaisir saisissant du spa de La Clairière, se masser le visage brûlant avec les glaçons de la fontaine à glace : comme un combat du froid et du chaud sur la peau. Un petit » shoot » aux essences bienfaitrices de pin dans le bol d’Air Jacquier et c’est l’extase assurée. Quel bol ! Que d’eau ! Je vais finir par ne plus être étanche…