
Une pièce de l'expo "Nantais venus d'ailleurs", qui s'est achevée au début du mois. © Droits réservés
« Merci pour votre article sur l’exposition « Nantais venus d’ailleurs ». Vous faites allusion à l’exemplaire de L’Etranger que j’ai apporté du Chili. C’était le seul livre en français parmi 20, offert par un ami une semaine avant mon départ. Mes premières années en France, le statut d’étranger, c’était une fierté : j’étais quelqu’un, quelqu’un de différent. 37 ans plus tard, je me rends compte que le livre de Camus était en quelque sorte un passeport pour moi, la preuve que j’avais une culture, que j’étais capable de prendre la peau d’un personnage, de m’expatrier, de partir à la découverte de l’inconnu. Le lendemain de mon arrivée en France, je dus me rendre chez des amis à Sarcelles. J’ai croisé la rue Albert-Camus ! J’avais tout à construire, mais au Chili, je n’avais jamais vu de rue Albert-Camus. A présent, j’étais dans un pays plus cultivé qui donnait à ses avenues le nom de mes fantasmes, mes idoles, mes lumières. »
Cordialement,
Patricio Rojas San Martin