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    Fukushima, récit d'un désastre, par Mickael FerrierLors de mon premier voyage au Japon, un an et demi après le tsunami, j’ai lu l’ouvrage* de Michaël Ferrier, qui m’a profondément marquée, dans la très littéraire collection blanche NRF Gallimard *. À la manière d’un Emmanuel Carrère, ce professeur de littérature, qui réside à Tokyo, y raconte l’événement avec précision : la gigantesque secousse sismique qui a fait tanguer les gratte-ciel de la mairie de Tokyo, les vagues dévastatrices qui ont noyé la côte nord-est de Honshu, déclenchant une catastrophe encore plus menaçante, celle de Fukushima, vingt-cinq ans après Tchernobyl.

    Michaël Ferrier rend compte et livre les faits de façon quasi organique : la capitale assombrie, le rationnement, le tourisme en berne malgré la floraison des cerisiers, les dosimètres en rupture de stock…

    Avec son épouse, il décide de « monter dans le Tohoku » – pour s’approcher au plus près de la zone interdite – un cercle de 20 kilomètres de circonférence autour de la centrale éventrée, si bien décrit dans le film The Land of hope (2013). À bord d’une camionnette remplie de vivres, de vêtements et de médicaments, il décrit la désolation, les odeurs, la « météo des radiations » livrée par Radio Fukushima, tout en livrant au fil du récit des témoignages de survivants et des éléments scientifiques précis et éclairants qu’il obtient auprès des chercheurs, des institutions…

    Les cent dernières pages se concentrent sur les villages-frontières de la zone contaminée et sur ce que l’auteur nomme la « demi-vie » : les répliques, la désinformation, les confidences d’un liquidateur, la décontamination, la pluie que l’on redoute… Un essai puissant sur « une catastrophe lente, diluée, une catastrophe continuée ».

    * Le titre Fukushima, Récit d’un désastre est depuis sorti en collection Folio (n° 5549), Gallimard.

    À lire également sur le même thème : L’Archipel des séismes, Écrits du Japon après le 11 mars 2011, éd. Picquier Poche.

    The land of hopeOn ne marche plus de la même façon au Japon depuis Fukushima. Il faut aller voir Kibo no kuni (The Land of hope) pour le comprendre. Ce film de 2 h 15 a été réalisé par Sono Sion, un cinéaste prolifique, star au Japon (il a notamment réalisé des films choc sur les suicides…). C’est extrêmement bien joué et plein de poésie, entre documentaire et fiction. Si vrai que j’en suis ressortie bouleversée, moi qui ai beaucoup d’affection (et d’affliction) pour ce pays. Plutôt que de m’étendre sur la profonde émotion que ce film a soulevée en moi, quelques extraits de l’article paru dans le quotidien Tokyo Shimbun (publié en français dans Courrier International n°1151 en novembre 2012). Pour rappel, le tsunami géant du 11 mars 2011 a provoqué à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi un accident majeur, classé de niveau 5, puis 7 sur l’échelle internationale des événements nucléaires. A la parution de l’article, 15 873 morts étaient recensés, 2 744 personnes portées disparues et 325 000  déplacées.
    « Quand j’ai annoncé que je voulais faire un film sur l’accident de Fukushima, tout le monde s’est défilé. J’ai compris alors que le véritable sujet tabou au Japon n’était ni le sexe ni la violence mais le nucléaire », raconte Sono Sion dans le quotidien japonais.
    En janvier 2012, alors que le tournage de The Land of hope avait déjà commencé, Sono Sion n’avait pas encore réuni tous les financements nécessaires. Finalement, le film, sorti en octobre 2012 dans l’archipel nippon, a été produit par une société japonaise et, à concurrence de 20 %, par des Anglais et des Taïwanais.
    Le 11 mars 2011, Sono Sion était en plein tournage de son précédent film, Himizu. Au vu des événements, il a récrit en toute hâte son scénario pour situer son action après la catastrophe. Deux mois plus tard, il était à Ishinomaki et tournait dans les zones sinistrées.
    L’action de The Land of hope, elle, se déroule dans la préfecture imaginaire de Nagashima (nom créé en fusionnant ceux de Nagasaki et Hiroshima…), une dizaine d’années après l’accident. Un nouveau séisme se produit (filmé tout en suggestions), provocant une explosion dans une autre centrale. Une famille d’éleveurs qui vit à la lisière de la zone interdite voit alors son jardin coupé en deux par la ligne de démarcation du périmètre : une scène burlesque et puissante (issue d’une histoire vraie) qui révèle l’absurdité des consignes de sécurité face au danger des radiations invisibles.
    Si la catastrophe nucléaire a déjà fait l’objet de documentaires, elle n’avait encore jamais été portée à l’écran comme fiction. Parmi les nombreuses images du film que je garde en tête, celle de cette jeune fille qui cherche ses parents disparus dans la zone interdite, à la fois belle et dévastée – la neige au premier plan, le Pacifique à l’arrière – en mesurant et en commentant ses pas : ippo, ippo… Un pas vers l’espoir ou la résignation ?

    Le Pacifique à Kamakura

    Le Pacifique à Kamakura, au sud de Tokyo.

    Nawi furi-ki (la terre trembla). Le 11 mars 2011, à 14 h 46 minutes et 44 secondes, un tremblement de terre a ébranlé le Japon pendant plus de deux minutes (9 sur l’échelle de Richter). Le pays s’est déplacé de 5 mètres vers l’est et l’axe de rotation de la Terre a bougé de 10 cm. Grâce aux capteurs disséminés dans tout le pays et au fond des mers, il a fallu une dizaine de secondes pour donner l’alerte jusque sur les écrans de télévision, ce qui a permis, entre autres, de stopper les 27 trains ultrarapides lancés à grande vitesse pour éviter qu’ils ne déraillent. Les deux tours de la mairie de Tokyo (243 m) ont tangué. A Yokohama, au sud de la capitale, un parking souterrain est devenu aérien. Ce jour-là, les sismographes enregistrèrent 78 secousses. Sur toute la semaine, les Japonais en subirent 400. Cela ne prit fin que le 8 juin… Le Japon subit ainsi 20 % des séismes les plus violents enregistrés chaque année dans le monde.

    Source : Fukushima, récit d’un désastre, Michaël Ferrier, NRF Gallimard (dont je vous conseille vivement la lecture).