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Une des émissions de Mainate TV, la Web TV du Festival de Ménigoute
Mon interview de Delphine Batho et Gilles Boeuf dans l’émission diffusée en direct sur Facebook le mardi 30 octobre 2018.
Interview parue en novembre dernier dans la newsletter du Festival de Ménigoute.
« Je revendique le fait de raconter mes émotions »
• Comment avez-vous vécu la projection de votre film en avant-première, lors de la soirée de palmarès du Festival de Ménigoute ?
Ça a été un gros stress et beaucoup de doutes, mais malgré quelques soucis de son dus à un problème de pistes, le très bel engouement de la salle a été rassurant. D’expérience, depuis Vertige d’une rencontre*, je sais que c’est le public qui décide du succès d’un film. Et j’ai été conforté par l’accueil qui nous a été réservé au Festival du film de Sarlat, qui n’est pas une manifestation naturaliste. Au milieu des comédies et des films d’art et d’essai, nous avons reçu le Prix du meilleur film décerné par le Jury Jeune et raté de peu le Prix du public. C’est important pour moi en ce sens que je ne me considère pas comme un cinéaste animalier. Je revendique le fait de raconter mes émotions.• D’aucuns reprochent à votre film de ne montrer que très peu de loups !
Cette critique s’entend très bien. La presse semble elle aussi divisée sur ce point. On ne voit certes le loup qu’au bout d’une heure dans le film. C’est le prix à payer quand on filme des animaux sauvages dans leur milieu naturel. Avoir recours à des animaux imprégnés n’est pas ma tasse de thé. C’est une forme d’imposture qui casse la charge émotionnelle. Je préfère passer trois ans à chercher le loup dans une vallée quitte à ne pas avoir d’ultra gros plan. Pour moi, ça a du sens. Mais je ne juge pas pour autant les cinéastes qui procèdent différemment. Comme pour la polémique entre pro et anti-loups, j’essaie de prendre un maximum de hauteur par rapport à ça.• Le film Vertige d’une rencontre était déjà l’histoire d’une quête, celle de l’aigle royal. Comment est née celle du loup ?
Le tournage de Vertige… a représenté une vraie rupture par rapport à mes travaux précédents, qui étaient plutôt des films de voyage. Ça m’a déstabilisé financièrement, mais équilibré mentalement. C’était l’esquisse d’un film que je voulais plus abouti. J’ai d’abord envisagé une suite sur l’aigle, qui constituait un Graal quand j’étais enfant, vu que l’espèce était rarissime à l’époque dans les Alpes. Puis j’ai pensé au loup, encore plus inaccessible, et j’ai décidé de faire un film sur un animal que je ne verrais peut-être jamais… avec les difficultés que ça comporte pour trouver un producteur !• Que vous avez fini par trouver !
Le premier m’a vite lâché. J’ai démarré grâce au financement participatif sur Touscoprod. J’ai commencé à faire des images, que j’ai montrées au producteur Jean-Pierre Bailly. Il m’a demandé un temps de réflexion. Quand il y a cru, il a cherché de l’argent et m’a présenté l’équipe de Pathé ; après une heure cinq d’entretien avec Jérôme Seydoux, on a su qu’ils nous accompagnaient.• Avec un distributeur de cette envergure, avez-vous subi des contraintes ?
Je le craignais, mais ça n’a pas été le cas. J’ai eu trois bonnes surprises sur ce projet : j’ai trouvé l’argent pour le mener à bien, j’ai pu faire ce que je voulais… et j’ai pu voir les loups ! Il a été question un moment de recourir à un acteur connu pour le commentaire. Là encore, une autre option a été choisie : utiliser ma propre voix pour ne pas rompre l’intimité du film. Je pense sincèrement que les chaînes de télévision se montrent plus intrusives…• Qu’est-ce qui a été le plus compliqué au final ?
Le démarrage. La capacité à embarquer du monde dans cette aventure. Puis l’année entière durant laquelle je n’ai vu aucun loup, qui m’a fait beaucoup douter. Mais cette difficulté-là faisait partie d’un cheminement auquel j’adhérais depuis le départ.• Quel sera votre prochain film ?
De l’accueil du film à sa sortie dépendra mon avenir, ce qui est un peu angoissant ! Mais c’est déjà un pas énorme que d’avoir les premiers retours du public. Cette période de promotion est très grisante, alors que je pensais faire un « baby blues ». Je ferai d’autres films, oui, mais je ne sais pas lesquels…
Propos recueillis par Catherine Levesque.
* Sélection officielle Festival du Film ornithologique de Ménigoute 2010.
À lire, le livre (29 €) illustré par le photographe Bertrand Bodin et préfacé par Yves Paccalet, paru aux éditions La Salamandre.
Parcourez, vous aussi #LaValléeDesLoups et faites la rencontre de cet animal majestueux aujourd’hui au cinéma → https://t.co/1uYuc3jXunpic.twitter.com/iD3plMyEYw
— Pathé Films (@PatheFilms) 4 janvier 2017
Parmi les événements faunistiques remarquables de l’été, la mort du lion Cecil, roi du Zimbabwe, n’aura échappé à personne, déclenchant un raz-de-marée d’indignations justifiées dans la jungle des réseaux sociaux. Des crimes contre l’animalité ont pourtant lieu en permanence, mais celui-ci a ému plus que d’ordinaire l’opinion planétaire. Pour le montant dépensé par le braconnier américain incriminé (45 000 euros) ? Pour les relents colonialistes qu’il réveille ? Ou parce que le vieux félin respectable a été achevé après 40 heures d’agonie ? Probablement tout cela à la fois.
Il est des espèces qui cristallisent l’émotion plus que d’autres pour leur dimension iconique : l’ours polaire en fait partie, dont Rémy Marion, spécialiste des pôles, viendra nous parler lors du prochain Festival du film ornithologique de Ménigoute (FIFO), du 27 octobre au 1er novembre prochain. Il n’en va pas de même pour les poissons, requins notamment, qui sont pourtant l’objet d’un massacre quotidien.
Dans un récent numéro spécial de Télérama consacré aux océans, le capitaine Paul Watson, cofondateur de Greenpeace et créateur de la Sea Shepherd Conservation Society, fait part de son inquiétude quant à la gravité des menaces qui pèsent sur la biodiversité marine, notamment sur le plancton. « Il ne faut plus rien manger qui vienne de la mer« , assène-t-il. C’est cette éminente figure de l’écologie activiste, réfugiée en France, qui assurera une conférence exceptionnelle le 31 octobre, à 18 heures, au prochain FIFO, dans la salle de projection du festival. L’antenne Sea Shepherd Tours tiendra à cette occasion un stand d’informations et de vente de produits dérivés. Des perspectives sur lesquelles je reviendrai plus en détail dans la newsletter de septembre, au travers d’une interview de Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, qui accompagnera le célèbre Canadien lors de son escale en Gâtine.
Pour lire la suite de la newsletter, rendez-vous sur le site du festival.
Ma chronique « Une plume à la page » pour la Web TV du Festival international du film ornithologique de Ménigoute. Artisanal, mais j’y tiens !
En dépit des frasques sentimentales de son Président qui, selon les camps, ternissent son image ou confirment la réputation sulfureuse des Français en matière de parades nuptiales, la France redevient un oiseau et fait « cocorico » ! Cocorico fin décembre avec le documentaire de Jacques Malaterre et Frédéric Fougea, Le Plus Beau pays du monde, qui a rencontré sur France 2 un véritable succès en prime time : 6 472 000 spectateurs, soit 23,4 % de parts d’audience. Cocorico en ce début d’année quand il fut question de défendre l’exception culturelle de son cinéma. « La France fait le choix assumé de soutenir un secteur d’excellence, facteur de rayonnement, créateur d’emplois, mais aussi de lien social entre les Français et de fierté de la France dans le monde », a déclaré Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, au sujet de la polémique sur le financement du cinéma de l’Hexagone.
Quand on se penche sur le cinéma français, on constate qu’il connaît des problématiques assez similaires à la biodiversité. Mondialement reconnu, envié et toujours menacé. Lancées il y a un an, les premières « Assises pour la diversité du cinéma français » ont fait l’objet d’un long rapport tout juste rendu public, sorte d’état des lieux à l’heure du numérique.
Comme la biodiversité, il confirme que la production et la diffusion cinématographiques doivent échapper aux lois ordinaires du libre-échange. Reste que l’équilibre se fissure dans un contexte de crise mondialisée. Que les chaînes de télévision, toujours plus nombreuses, continuent de bouder les films animaliers malgré leurs succès. Qu’il faut sans cesse se mobiliser pour sauvegarder une matière vivante indispensable parce qu’elle fait rêver et nous rend un peu plus grands.
C’est le sens du latin majusculus : un peu plus grand. Une impression que l’on ressent en plongeant dans Minuscule – La Vallée des fourmis perdues (voir l’article que j’ai écrit à ce sujet dans la nouvelle newsletter du Festival de Ménigoute). Ce film d’animation 3D tourné en décors réels revendique à l’écran, par petites touches subtiles, sa fabrication française. Et sans être patriote, il y a de quoi être fier, d’autant plus que son empreinte écologique a été maîtrisée. Les réalisateurs explorent un terrain vierge, tant du point de vue de la production, de la technique que du genre, ce qui explique une distribution à l’international dans plus de trente pays.
C’est aussi la vocation du Festival de Ménigoute, une manifestation atypique qui fêtera cette année ses 30 ans. Une année que je vous souhaite excellente. Une année pour voir un peu plus grand.