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    Désolée pour tous ces jours écoulés en silence, mais j’ai eu 40 ans et ça m’a pris du temps. Ce temps dont je manque cruellement, je suis allée le chercher dans le Sud-ouest marocain, entre Haut Atlas et désert. Les oiseaux n’étaient qu’un prétexte, mais nous avons tout de même vu plus de 150 espèces.

    Dans la patio d’une vieille maison saharaouie, Tahar dépèce les grandes palmes sèches pour cuire le pain dans le four de pisé. Je me réchauffe contre le mur de terre et de paille, qu’aucune goutte d’eau n’a pénétré depuis plus d’un an. Ce matin, un vif vent d’ouest soufflait dans le désert, au bord de l’oued qui alimente l’oasis de Tighmart. Nos pas sur la croûte de terre, mémoire de la dernière averse, comme si l’on marchait sur un macaron géant.

    Un petit cri électronique. C’est la première chose qui m’est venue à l’esprit avant de comprendre qu’il s’agissait du sirli du désert. Ce bel oiseau crème au bec fin se dresse, s’envole à la verticale et plonge au sol la tête la première. C’est sa façon de parader. Sur le Guide ornitho, on dirait un oiseau de bande dessinée !

    Le soir, nous dormons sous une kaïma, à Fort Bou-Jerif, une version confortable de la tente nomade. Une chance, pour mon anniversaire, nous avons bu notre première bière locale. Le saint-nicolas-de-bourgueil emporté dans mon sac avait beau s’appeler « Sables », il a plutôt mal vécu le voyage…

    Le lendemain matin, nous marchons dans le lit d’un oued quatre heures durant. Paysage saisissant. Chaos géologique de pierres bleutées, rosées, de conglomérats multicolores. Des marouettes fouillent sur les berges. Un faucon de Barbarie, vigie figée sur une corniche. Au bout de ce goulot féerique, l’océan bleu turquoise. Des alouettes calandrelles au plumage délicatement peint s’abreuvent dans une flaque. L’œil cerclé d’un jaune franc, un petit gravelot sonde la vase. Au loin, des spatules, des hérons bihoreaux, sur leurs grandes pattes.

    Nos estomacs commencent à coasser. C’est l’heure du pique-nique et le chauffeur tarde à nous récupérer. Pas de GPS, pas de carte. Quand bien même, il ne sait pas les lire. Nous grimpons sur la falaise, près d’une maisonnette de pierre qui peut nous servir d’abri. Et puis là, au moins, on capte. Deux heures, trois heures, quatre heures, cinq heures d’attente… Il sillonne les pistes en tous sens en vain. Revient sans cesse au point de départ. Avant que la nuit ne tombe, il faut se résoudre à solliciter l’autochtone.

    Un pêcheur avenant et jovial arrive à la rescousse. Nous entrons à dix dans sa Land Cruiser, les longues-vues en joue comme des kalashnikof. Je monte à l’avant, où nous ne sommes « que » trois. Dans un français approximatif, notre sauveteur répète en rigolant : « Comme les sardines ! ». On se marre franchement, malgré les chaos de la piste et l’hypoglycémie. Il me faudra du temps pour remarquer une boîte contre le pare-brise : « Mordaz, faire face à l’anxiété ». Les benzodiazépines ont aussi conquis l’Afrique.