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J'anime un 2ème blog dans lequel je propose une sélection de sites Web, de vidéos et d'articles divers trouvés sur Internet.
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    Librairie Les Belles PagesNon contente d’avoir poussé la porte d’un fabuleux antiquaire-coutelier, j’ai rencontré dans le Cantal un libraire extraordinaire. « Tout le monde trouvait qu’il manquait une librairie à Murat », m’a raconté un dimanche matin ensoleillé Daniel Kiernan, irlandais d’origine, avec un très léger accent. Son nom un peu désuet, Les Belle Pages, c’est une idée des habitants qu’il a consultés. « Personnellement, j’aurais choisi un nom plus rock & roll, mais j’avais envie de les impliquer ». Séduit par les paysages du Cézallier, qui lui rappellent son pays, cet ancien cadre a quitté Paris en 2009 pour transformer une ex-galerie d’art et feu magasin d’électroménager en librairie rurale, à deux pas de l’église. « Il n’y a rien de péjoratif dans cette dénomination. Je l’ai même inventée pour convaincre le diffuseurs qui tardaient sérieusement à ouvrir mes comptes. J’ai d’ailleurs pris du retard à cause d’eux. Ils prenaient un risque sur un projet de librairie généraliste dans une ville comme Murat, alors j’ai défendu un nouveau concept : la librairie rurale. Tu aggraves ton cas m’a dit une amie du métier… » Que nenni. Daniel Kiernan, qui a suivi une simple formation au métier, argumente : il a l’intention d’offrir des services très personnalisés et envisage dans sa petite surface autant de rayons qu’à la Fnac (il les a comptés). Simplement, il faut penser l’organisation autrement : les étagères en bois, il les fait fabriquer par un Compagnon du pays. N’empêche qu’on ne lui fait pas de cadeau sur les remises quand il faut constituer le fond. Il a fallu payer rubis sur l’ongle…

    Quand on entre dans sa librairie, d’emblée chaleureuse, on avise le fauteuil. « Tel un chausseur, j’y installe les clients indécis – grand-mère ou enfant… Je les écoute, je papillonne et j’empile les livres sur un tabouret pour qu’ils les feuillètent, les écartent ou les retiennent. Si malgré tout ils regrettent leur achat, je les rembourse ! » Impossible de ne pas trouver son bonheur parmi les 5 000 titres choisis avec exigence, pour tous les âges et tous les goûts. Peu de place pour la littérature de terroir – « il y a les maisons de la presse pour ça » -, mais des titres pointus en philo, en littérature asiatique, africaine, en art, en photo, en BD, en jardin ou en écologie… Dans la mée de récup’, posée sur le sol, les albums jeunesse sont astucieusement classés par tranche d’âge, à hauteur de bambin « J’ai 4 ans », « J’ai 7 ans »… Arrive un client, qu’il salue de son prénom, enjoué. L’homme cherche un livre pour l’anniversaire de son frère. Daniel me confie que, parfois, c’est la famille qui défile avant la date-butoir. « Il ne s’agit pas de vendre deux fois le même ! »

    Daniel assure aussi beaucoup de services en ligne : commandes, recherche documentaire, vente de livres numériques. « Quand je reçois une commande, mon client est prévenu par mail. Ici, pas question de faire 30 kilomètres pour rien, surtout quand il neige ! » Depuis qu’il s’est installé, ses clients le disent, le libraire du coin (au propre comme au figuré) fait du tort à Amazon ! Ses marques pages ? Des chutes de toiles peintes recyclées par l’atelier d’art de ce village de 2000 habitants. Mais bien plus de lecteurs…

    Le Puy MaryRien à voir avec le film de Kieslowski. Le blanc, c’est juste la couleur (bien que ça n’en soit pas une) qui domine depuis mon arrivée dans le Cantal. Le blanc immaculé du plateau de Pailherols, célèbre pour sa fabuleuse Auberge des Montagnes, dont j’entendais parler depuis presque deux décennies. Le blanc cotonneux percé par la motoneige de Bertou, le vaillant pisteur alpiniste – « vingt ans de boutique » – qui m’a promenée avec dextérité sur les sommets embrumés du Lioran. Le blanc laiteux de l’œuf cocotte aux morilles cuisiné avec brio par Bruno, à l’Auberge d’Aijean. Le blanc éblouissant du Puy Mary, que l’on atteint sans peine en raquettant une bonne heure depuis le col de Serre. Blanc comme l’ivoire de mammouth des incroyables couteaux que possède Valéry Besse, collectionneur et antiquaire captivant de L’Âge de bronze, à Murat. Blanc comme l’un des thés qu’apprécie Jean-Christophe Maurin, propriétaire du salon de thé La Maison de Justine… où il rend hommage à Dalida avec délicatesse. Les physiciens considèrent que le blanc est une valeur, non une couleur. Alors, oui, le Cantal est bien blanc.