Hoazin.fr : le blog de Catherine Levesque
Interview parue en novembre dernier dans la newsletter du Festival de Ménigoute.
« Je revendique le fait de raconter mes émotions »
• Comment avez-vous vécu la projection de votre film en avant-première, lors de la soirée de palmarès du Festival de Ménigoute ?
Ça a été un gros stress et beaucoup de doutes, mais malgré quelques soucis de son dus à un problème de pistes, le très bel engouement de la salle a été rassurant. D’expérience, depuis Vertige d’une rencontre*, je sais que c’est le public qui décide du succès d’un film. Et j’ai été conforté par l’accueil qui nous a été réservé au Festival du film de Sarlat, qui n’est pas une manifestation naturaliste. Au milieu des comédies et des films d’art et d’essai, nous avons reçu le Prix du meilleur film décerné par le Jury Jeune et raté de peu le Prix du public. C’est important pour moi en ce sens que je ne me considère pas comme un cinéaste animalier. Je revendique le fait de raconter mes émotions.• D’aucuns reprochent à votre film de ne montrer que très peu de loups !
Cette critique s’entend très bien. La presse semble elle aussi divisée sur ce point. On ne voit certes le loup qu’au bout d’une heure dans le film. C’est le prix à payer quand on filme des animaux sauvages dans leur milieu naturel. Avoir recours à des animaux imprégnés n’est pas ma tasse de thé. C’est une forme d’imposture qui casse la charge émotionnelle. Je préfère passer trois ans à chercher le loup dans une vallée quitte à ne pas avoir d’ultra gros plan. Pour moi, ça a du sens. Mais je ne juge pas pour autant les cinéastes qui procèdent différemment. Comme pour la polémique entre pro et anti-loups, j’essaie de prendre un maximum de hauteur par rapport à ça.• Le film Vertige d’une rencontre était déjà l’histoire d’une quête, celle de l’aigle royal. Comment est née celle du loup ?
Le tournage de Vertige… a représenté une vraie rupture par rapport à mes travaux précédents, qui étaient plutôt des films de voyage. Ça m’a déstabilisé financièrement, mais équilibré mentalement. C’était l’esquisse d’un film que je voulais plus abouti. J’ai d’abord envisagé une suite sur l’aigle, qui constituait un Graal quand j’étais enfant, vu que l’espèce était rarissime à l’époque dans les Alpes. Puis j’ai pensé au loup, encore plus inaccessible, et j’ai décidé de faire un film sur un animal que je ne verrais peut-être jamais… avec les difficultés que ça comporte pour trouver un producteur !• Que vous avez fini par trouver !
Le premier m’a vite lâché. J’ai démarré grâce au financement participatif sur Touscoprod. J’ai commencé à faire des images, que j’ai montrées au producteur Jean-Pierre Bailly. Il m’a demandé un temps de réflexion. Quand il y a cru, il a cherché de l’argent et m’a présenté l’équipe de Pathé ; après une heure cinq d’entretien avec Jérôme Seydoux, on a su qu’ils nous accompagnaient.• Avec un distributeur de cette envergure, avez-vous subi des contraintes ?
Je le craignais, mais ça n’a pas été le cas. J’ai eu trois bonnes surprises sur ce projet : j’ai trouvé l’argent pour le mener à bien, j’ai pu faire ce que je voulais… et j’ai pu voir les loups ! Il a été question un moment de recourir à un acteur connu pour le commentaire. Là encore, une autre option a été choisie : utiliser ma propre voix pour ne pas rompre l’intimité du film. Je pense sincèrement que les chaînes de télévision se montrent plus intrusives…• Qu’est-ce qui a été le plus compliqué au final ?
Le démarrage. La capacité à embarquer du monde dans cette aventure. Puis l’année entière durant laquelle je n’ai vu aucun loup, qui m’a fait beaucoup douter. Mais cette difficulté-là faisait partie d’un cheminement auquel j’adhérais depuis le départ.• Quel sera votre prochain film ?
De l’accueil du film à sa sortie dépendra mon avenir, ce qui est un peu angoissant ! Mais c’est déjà un pas énorme que d’avoir les premiers retours du public. Cette période de promotion est très grisante, alors que je pensais faire un « baby blues ». Je ferai d’autres films, oui, mais je ne sais pas lesquels…
Propos recueillis par Catherine Levesque.
* Sélection officielle Festival du Film ornithologique de Ménigoute 2010.
À lire, le livre (29 €) illustré par le photographe Bertrand Bodin et préfacé par Yves Paccalet, paru aux éditions La Salamandre.
Parcourez, vous aussi #LaValléeDesLoups et faites la rencontre de cet animal majestueux aujourd’hui au cinéma → https://t.co/1uYuc3jXunpic.twitter.com/iD3plMyEYw
— Pathé Films (@PatheFilms) 4 janvier 2017
Neuf mois que je travaille dessus. J’ai échappé de peu à la dépression post-partum en le remettant à la date prévue à l’éditeur – Leduc.s – qui m’a demandé de porter ce projet en février dernier, à la suite de l’émission coup de poing de Cash Investigation sur les pesticides. Ce sera donc un « Grand livre de… », Le Grand Livre antitoxiques a priori, si le titre est maintenu. Un ouvrage à vocation pédagogique et pratique pour chasser de son quotidien un maximum de polluants, qu’ils soient dans l’alimentation, le vin, les cosmétiques, les textiles, les chaussures, les meubles, le jardin, la voiture, le papier peint…
Plusieurs niveaux de lecture seront proposés, avec une dose d’humour parfaitement assumée pour éviter toute pendaison fortuite dès le premier chapitre : des éclairages sur la législation – fort mouvante ces temps-ci sur le sujet –, sur les scandales sanitaires qui ont marqué ces dernières décennies, des zooms « glossaire » pour comprendre ce que sont les perturbateurs endocriniens, les néonicotinoïdes et autres formaldéhydes qui défraient régulièrement la chronique ; des encadrés « On agit ! » surtout, pour se prémunir au mieux des dangers qui nous menacent au quotidien.
Pour mener à bien cette synthèse, sorte de « manuel des toxiques des Castors Juniors », et être au plus près de l’actualité au moment de la parution, prévue en mars 2017, j’ai épluché plus de 200 articles (Le Monde, Que choisir, 60 Millions de consommateurs, La Recherche…) grâce à une vieille quotidienne. Et me suis appuyée sur de solides références (les ouvrages et interviews de Marie-Monique Robin, Fabrice Nicolino, Barbara Demeneix…), sans toutefois revendiquer le même travail. Je me positionne humblement comme vulgarisatrice et non comme journaliste d’investigation. Mon objectif est de rendre accessible au plus grand nombre une problématique plus que complexe et de donner des clés au grand public pour qu’il soit informé et mieux armé sur ces questions de santé publique hautement sensibles. Préfacé par Allain Bougrain Dubourg, il fait l’objet d’une relecture de fond par François Veillerette. Un livre militant, oui, parfaitement assumé.
D’ici à la parution, je vous tiendrai régulièrement au courant de l’avancée du projet, qui va connaître quelques ramifications Web et vidéo. Bienvenue dans les coulisses d’un livre… (le mien, tant qu’à faire !), de la fabrication maison (pas très loin du sacerdoce, surtout quand on s’appelle Levesque) jusqu’à son arrivée en librairie, moment magique s’il en est.
Bergamote a été récompensée hier soir par un Grand prix Stratégies pour le Big Nes 2015, magazine interne de Nespresso, dans la catégorie « Supports ou dispositifs de communication éditoriale interne ». J’ai rédigé une partie des textes de cet objet éditorial atypique, véritable livre digne d’être conservé, au format A5. L’objectif : faire connaître de manière exhaustive et attractive l’ensemble des actions de développement durable de Nespresso France aux 1 400 collaborateurs de l’entreprise.
L’univers créatif inédit proposé par l’Agence Bergamote a fait la part belle aux illustrations originales, notamment en couverture.
Prix ex aequo cat. support/dispositif com edito interne @NespressoFR @agencebergamote @LeverdeRideau #gpstrat pic.twitter.com/l0EAqNjpe2
— Strategies (@Strategies) 14 septembre 2016
Le tombeau du chat Zgougou d’Agnès Varda, émouvant hommage à la gent féline dans un lieu qui m’est très cher, Noirmoutier. À voir jusqu’au 8 janvier dans une cabane du jardin de la Fondation Cartier, à Paris, dans le cadre de l’exposition « Le Grand orchestre des animaux ».
La distance entre le premier sanctuaire (cf. post précédent) et les deux autres étant relativement éloignée (une cinquantaine de kilomètres), cette dernière journée sur le Kumano Kodo impose une vigilance sur les horaires des cars. Nous sommes parties à 8 h 50 de Yunomine Onsen et sommes arrivées à Gongen-mae une heure après. Après un café convenable chez une dame (qui nous a photographiées !) et sa mère, nous avons découvert Hayatama Taisha, le deuxième sanctuaire des trois de Kumano Kodo, qui nous a semblé relativement banal. Beaucoup plus étonnant, le Kamikura Jinja, dont le site spectaculaire est accessible au terme d’une longue montée sur un énorme escalier de pierre interminable. Ce sanctuaire n’est pas facile à trouver (merci à Jérôme de nous l’avoir indiqué ; pour les voyageurs qui souhaiteraient le dénicher, ça se passe en haut à gauche de cette carte et le dit sanctuaire se trouve plus bas à droite du cartouche de légende).
En attendant le bus qui devait nous mener ensuite de Gongen-mae vers la dernière étape, Nachi, via la gare de Shingu, une femme à l’arrêt de bus nous a offert une orange et des bonbons aux algues (« Kombu Ame » de chez Maruwa). Après une pause udon (pâtes de blé dans un bouillon) et une glace de chez Glico (première fois que j’achète un cornet de glace dans un distributeur !), le bus nous a transportées en une dizaine de minutes au pied de l’impressionnant escalier de Daimon Zaka que nous avions choisi de gravir pour accéder au site phare de ce pèlerinage : le grand sanctuaire de Kumano Nachi Taisha, qui est situé à mi-chemin du sommet du mont Nachi, à environ 350 m au-dessus du niveau de la mer. Le culte voué à la cascade de Nachi-no-Otaki, clou du spectacle, est à l’origine de ce sanctuaire. À 133 mètres de hauteur et treize mètres de largeur, cette chute vénérée par André Malraux est la plus haute du Japon, et peut même être observée depuis l’océan Pacifique. Depuis le petit jardin bien tenu qui jouxte a pagode élancée de Seiganto-ji , la vue sur l’océan est sublime… On peut s’approcher très près de la cascade par un sentier, la fin est payante.
Nous avons attrapé l’avant-dernier bus (autour de 17 h, prudence !) pour Kii-Katsura, bourgade étrange et sans âme connue pour être l’un des plus grands ports de pêche au thon du Japon. À 5 min en bateau (transport gratuit), des onsen (sources d’eau chaude) sont proposés sur de petits îlots coiffés de végétation. On y trouve aussi des panneaux en cas d’alerte tsunami, qui dirigent vers un abri. Nuit à l’Hôtel Charmant (en français dans le texte) dans de vrais lits, une fois n’est pas coutume), où nous avons goûté une étonnante soupe sucrée, Zenzai, à base de mochi (pâte de riz) et de haricots rouges, mise en bouche exotique avant un succulent dîner de shashimi ultra frais dans le petit resto d’en face.