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J'anime un 2ème blog dans lequel je propose une sélection de sites Web, de vidéos et d'articles divers trouvés sur Internet.
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    juin, 2013

    Expo frères BouroullecMalgré la suée que vient de me procurer un colis suspect posé comme un obstacle à mon trajet vers la gare, ce n’est pas à cette boisson faite de bière et de limonade que je pense, mais bien au panache. Une grandeur que l’on aimerait croiser plus souvent. En cherchant un synonyme, je pense immédiatement à théâtralité, preuve que ça ne court pas les rues. Le panache, je viens de le rencontrer à la Comédie-Française en la personne de Michel Vuillermoz, incarnant avec brio Cyrano de Bergerac. Un rôle taillé à sa mesure dans une mise en scène éblouissante et revigorante du bien aimé Denis Podalydès. Le panache ne pousserait-il que sur les planches, tandis que nous végétons dans la médiocrité de notre ordinaire ?

    J’ose un enchaînement suspect, en écho à une exposition non moins séduisante vue hier à deux pas du Palais Royal, celle des frères Bouroullec (Erwan et Ronan, dont on devinera sans mal l’origine méditerranéenne !). L’expo s’appelle « Momentané », un mot que j’aime beaucoup, rond et fugace comme l’instant qu’il évoque. Titre paradoxal aussi alors qu’il s’agit d’une rétrospective de quinze années de travail présentée dans la Grande Nef des Arts décoratifs. Comme le hideux Cyrano fabrique des vers sublimes, les designers sont capables de faire du beau avec une matière première triviale. Je ne parle pas là du bois, mais du polystyrène ou du plastique, d’un module informe (le Twig) qui, combiné à une multitude de modules identiques, devient une claustra de dentelle utile et belle à l’œil. Les grands acteurs, comme les grands designers, subliment avec panache notre quotidien.

    Plessage dans le parc national d'ExmoorPar l’intermédiaire de Bergamote Presse, l’agence à laquelle je suis associée, j’ai fourni des textes au site jardinermalin.fr, notamment sur le plessage. L’occasion de vous montrer un bel exemple de haie plessée dans le parc national d’Exmoor, au sud de l’Angleterre, où cette pratique est encore courante.

    Je signale au passage la parution, sur ce même thème, d’une Escapade dans le Perche vendômois pour la revue naturaliste La Salamandre (juin-juillet 2013), réalisée en collaboration avec Dominique Mansion, illustrateur et spécialiste des « trognes » (ou arbres têtards). Vous y trouverez deux circuits : un sur le bocage, autour de Boursay (Loir-et-Cher) et son Chemin des trognes ; l’autre sur le roussard, dans la carrière désaffectée de la Mutte, à Sargé-sur-Braye (qui compte aussi une excellente charcuterie !). L’exploitation de ce grès fait de sable ferrugineux a donné naissance à un paysage de Colorado étonnant dans cette jolie campagne bocagère. Une idée de balade insolite pour compléter la visite des Promenades photographiques de Vendôme qui démarrent ce week-end.

    Pointe d'ArçayC’est un petit office notarial rural sobrement aménagé : quelques chaises un peu design qui contrastent avec le bureau traditionnel bois et cuir et le pot à crayons à cases qui crie fa-mine. Une plante verte dégarnie sans panache, l’encyclopédie Dalloz sur les étagères et des piles de chemises avec des noms propres écrits au marqueur sur la tranche.
    La période est propice aux noces. Moi j’étais ce week-end à un testament authentique et je le revendique. On ne choisit pas ses amis par hasard. A la différence du testament holographe – un cadeau empoisonné pour ceux qui en sont légataires, il faut deux témoins pour un testament de ce type. Alors je me suis prêtée au jeu dans la bonne humeur générale. L’opération s’est déroulée en deux temps : la dame d’abord, munie de son carnet recouvert fort à propos de têtes de mort, puis son compagnon. Comme dirait le notaire non sans humour, dans une scène digne d’un Chabrol, « une chance que vous ayez dit la même chose, sans quoi vos amis auraient été dans l’embarras ». Pas faux. Et de nous raconter quelque anecdote croustillante d’un époux venu annuler un après-midi le testament signé le matin même à l’insu de sa chère femme… Faute d’un stylo Mont Blanc dont j’aurais pu hérité précédemment, j’ai signé solennellement les déclarations de mes amis en pleine santé. Laquelle santé méritait que l’on trinque à son endroit sans trop tarder.

    Il fallait ensuite penser au voyage de testament. Le choix se porta sur une immense flèche sableuse (dirigée vers Cupidon ?) bien connue du couple, la pointe d’Arçay, en Vendée. Cette avancée dans la baie qu’affectionnent les naturistes de tout poil, à La Faute-sur-Mer, fait face à l’île de Ré. N’allez pas vous imaginer des choses. Nous y sommes allés en simples naturalistes. Et un miracle s’est produit : un aigle a survolé ce site littoral précieux et insolite. Le champagne qui arrosa notre pique-nique n’est pour rien dans cette affaire et les jumelles sont formelles. J’ai ma petite idée sur la question : le rapace a fait le détour pour saluer mes amis ornithologues. Après tout, on fait bien des cadeaux de mariage ?

     

     

    Confluence Loire VienneIl fait nuit sous ma mansarde, pas tout à fait dans le ciel. Seule ma petite lampe led Fatboy éclaire un coin de mon vieux bureau. C’est suffisant. Dans quelques jours, ce sera le plus long jour de l’année. J’aime ces journées qui s’éternisent, et avec elles les escadrilles sifflantes des martinets qui fascinent mes chats.

    J’écoute Ultra-skimming, la compilation de MisterLau, plus connu sous son nom de ville, Laurent Geneix, qui me l’a offerte à la faveur d’un dîner nippon à la maison, hier soir. Depuis 25 ans, ce quarantenaire mélomane est à l’affût des nouveautés. Moult achats plus ou moins raisonnables se sont sédimentés au fil des ans sous la forme d’une CDthèque de 1 500 disques. Sauvé in extremis d’une vie d’errance chez les disquaires, notre brave Laurent a découvert Deezer. Il y stocke compulsivement les morceaux qui retiennent son attention dans une liste de présélection. Posologie : une centaine de titres par mois. Puis il en extrait la substantifique moelle légalement sur iTunes selon un procédé de distillation tenu secret à ce jour. Une vingtaine de morceaux survivent à cet « ultime écrémage » et atterrissent sur deux CDs qu’il offre à des amis ou des personnes importantes du moment.

    C’est ainsi que le volume 22 a déboulé dans mes pavillons engourdis (ainsi que chez un couple établi dans la Vienne). Outre le fait que le concept me plaît, la plupart des morceaux me séduisent à la première écoute (La Femme notamment, qui nous somme de prendre le bus ; Daughter et sa sublime reprise du Get Lucky de Daft Punk…). Est-ce une question de génération ? Une proximité naturelle due à nos profils professionnels ? Foin de sociologie à deux balles, j’ai plaisir à découvrir ces nouveautés avec fainéantise. Ça me rappelle mes déambulations parisiennes à la Fédération-national-d’achats-des-cadres, quand j’avais le temps de serrer mon crâne sous l’arceau d’un casque filaire bien souvent déglingué. Et puis Daho a sorti un nouveau tube hier… Alors bain de jouvence pour bain de jouvence ! Daho, il dit toujours la même chose à la radio, il chante toujours la même chose et rit comme en 1986. Ça m’agace et ça me rassure à la fois. Daho n’a pas changé et peut-être que moi non plus. Il fabrique des tubes et j’adore les vider sur ma brosse à dents. Pour mieux sourire.

     

    Affiche Biolay 2013On l’avait connu neurasthénique à l’Espace Malraux, sirotant un verre de vin rouge entre chaque morceau. Hier soir, au Vinci, Benjamin Biolay s’est transfiguré. On ignore le nom de sa coach ou de son antidépresseur, mais Benjamin va bien. Il conserve certes quelques addictions rassemblées sur une discrète tablette, à gauche de son clavier, où il tapote de dos, masquant les volutes des clopes qu’il s’autorise de temps à autre. Mais Benjamin a fait le plein d’entrain, remisant sa nonchalance en coulisses. Certes, ce n’est pas Claude François, et l’auteur-compositeur reste encombré par son grand corps épais. Sa silhouette un peu voûtée n’est pas avantagée par un jean mal coupé et mal assorti à sa chemise (deux bleus différents). En matière de couleurs, ce sont plutôt les éclairages qui hypnotisent, en fond de scène : cinq immenses éprouvettes faites d’une multitude de facettes qui, selon l’embrasement, forment des confettis, des lampadaires intimistes ou des buildings illuminés que j’imagine tokyoïtes.

    Ce n’est pas dans le registre dance que je le préfère. Il est plus à l’aise dans ses chansons calmes (très émouvante interprétation de Ton héritage). Mais dans sa reprise extraordinaire (dommage que l’adjectif soit galvaudé) de À l’origine, je me surprends à atteindre un état proche de la transe… musicale. Pas envie que ça s’arrête, cette fumée, ces rayons lumineux qui la percent, cette voix étonnamment caverneuse. Dehors, il fait sûrement mauve.