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J'anime un 2ème blog dans lequel je propose une sélection de sites Web, de vidéos et d'articles divers trouvés sur Internet.
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    mai, 2013

    BristolBristol sous la pluie vous donne une tête de papier mâché, aussi triste qu’une chanson de Portishead, petite ville portuaire indiquée sur les panneaux routiers aux abords de la ville. Pourtant, même sous des trombes d’eau, la cité de Wallace & Gromit conserve une certaine gaieté qu’on attribuera tantôt aux façades colorées de Clifton Village, tantôt au flegme britannique rompu aux ondées et aux ciels tourmentés. Il y a quelque chose de nantais dans cette ville construite et reconstruite (après la guerre) au bord de l’Avon. Comme Nantes en France, c’est la sixième ville d’Angleterre. Elle vit naître un genre musical qui m’est cher, le trip hop, dont les plus grands représentants demeurent Portishead donc, Massive Attack et Tricky.

    En quittant la ville par le spectaculaire pont suspendu de Clifton, on retombe bien vite dans la campagne verdoyante du Somerset voisin, où Shaun the sheep n’est jamais bien loin… Encore très rural, le comté du cidre et du cheddar compte une multitude de routes minuscules et encaissées où il est impossible de croiser ne serait-ce qu’une Austin Mini, sauf à se serrer affablement sur les passing places prévues à cet effet. Randonner sur les chemins creux parfaitement entretenus du parc national d’Exmoor est un enchantement, au son des pouillots (fitis, siffleur et véloce) qui affectionnent les hautes futaies de hêtres et de chênes moussus. Polypodes, scolopendres, capillaires, les fougères foisonnent le long des murets de schiste couverts de linaires aux minuscules fleurs violettes et de nombrils de Vénus vert bouteille. Mousse, bouteille, ça ressemble à de la bière, ça. Bientôt l’heure de trinquer au pub avec une Cotleigh locale !

     

    Toilettes à Narita AirportC’est avec beaucoup de retard que je viens rendre compte de mon expérience de série cross média, About : Kate, diffusée le samedi soir, très tard, sur Arte. J’ai regardé les deux derniers épisodes (#2 et #3) en différé sur mon Mac et je commence à rentrer dans le concept. Après le premier épisode, je m’étais rendue dans la salle de réunion du site dédié pour me livrer à un exercice participatif sur le thème « Sexuellement pas satisfaite » (un hasard, aucun message subliminal !) et plus précisément : « Surexcitée, mais pas satisfaite ». Ma contribution (une photo prise à Tokyo), qui figure en ligne, apparaîtra peut-être dans l’épisode diffusé ce soir (entre nous, j’en doute, il y en a beaucoup d’autres plus méritantes). Le récit est en effet émaillé de petites vidéos, animations, dessins… qui font écho à ce que vit l’héroïne de la série, Kate Harff, une trentenaire en proie à l’introspection dans l’hôpital psy où elle a décidé d’être internée. Ce n’est pas aussi glauque qu’on pourrait le penser. Est-ce parce que le traitement (visuel j’entends) est allemand ? Mais je trouve ça dépaysant, audacieux, à l’instar de la fascinante série suédoise Real humans, qu’Anne-Marie vient de me faire découvrir (merci pour l’addiction !). Bref, une vraie respiration télévisuelle où on a l’impression d’être un peu moins con quand on éteint le poste.

    The land of hopeOn ne marche plus de la même façon au Japon depuis Fukushima. Il faut aller voir Kibo no kuni (The Land of hope) pour le comprendre. Ce film de 2 h 15 a été réalisé par Sono Sion, un cinéaste prolifique, star au Japon (il a notamment réalisé des films choc sur les suicides…). C’est extrêmement bien joué et plein de poésie, entre documentaire et fiction. Si vrai que j’en suis ressortie bouleversée, moi qui ai beaucoup d’affection (et d’affliction) pour ce pays. Plutôt que de m’étendre sur la profonde émotion que ce film a soulevée en moi, quelques extraits de l’article paru dans le quotidien Tokyo Shimbun (publié en français dans Courrier International n°1151 en novembre 2012). Pour rappel, le tsunami géant du 11 mars 2011 a provoqué à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi un accident majeur, classé de niveau 5, puis 7 sur l’échelle internationale des événements nucléaires. A la parution de l’article, 15 873 morts étaient recensés, 2 744 personnes portées disparues et 325 000  déplacées.
    « Quand j’ai annoncé que je voulais faire un film sur l’accident de Fukushima, tout le monde s’est défilé. J’ai compris alors que le véritable sujet tabou au Japon n’était ni le sexe ni la violence mais le nucléaire », raconte Sono Sion dans le quotidien japonais.
    En janvier 2012, alors que le tournage de The Land of hope avait déjà commencé, Sono Sion n’avait pas encore réuni tous les financements nécessaires. Finalement, le film, sorti en octobre 2012 dans l’archipel nippon, a été produit par une société japonaise et, à concurrence de 20 %, par des Anglais et des Taïwanais.
    Le 11 mars 2011, Sono Sion était en plein tournage de son précédent film, Himizu. Au vu des événements, il a récrit en toute hâte son scénario pour situer son action après la catastrophe. Deux mois plus tard, il était à Ishinomaki et tournait dans les zones sinistrées.
    L’action de The Land of hope, elle, se déroule dans la préfecture imaginaire de Nagashima (nom créé en fusionnant ceux de Nagasaki et Hiroshima…), une dizaine d’années après l’accident. Un nouveau séisme se produit (filmé tout en suggestions), provocant une explosion dans une autre centrale. Une famille d’éleveurs qui vit à la lisière de la zone interdite voit alors son jardin coupé en deux par la ligne de démarcation du périmètre : une scène burlesque et puissante (issue d’une histoire vraie) qui révèle l’absurdité des consignes de sécurité face au danger des radiations invisibles.
    Si la catastrophe nucléaire a déjà fait l’objet de documentaires, elle n’avait encore jamais été portée à l’écran comme fiction. Parmi les nombreuses images du film que je garde en tête, celle de cette jeune fille qui cherche ses parents disparus dans la zone interdite, à la fois belle et dévastée – la neige au premier plan, le Pacifique à l’arrière – en mesurant et en commentant ses pas : ippo, ippo… Un pas vers l’espoir ou la résignation ?