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J'anime un 2ème blog dans lequel je propose une sélection de sites Web, de vidéos et d'articles divers trouvés sur Internet.
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    août, 2012

    Vipère péliadeIl y en a qui connaissent les coins à champignons. Gilles connaît les places des vipères péliades. Oui, on dit une place dans le jargon naturaliste. Comme une station quand il s’agit de plantes… ou de métro.

    On a emprunté un petit sentier de rando plutôt raide, à Milin ar Lann, jusqu’à une lande superbe où bourdonnaient quelques insectes. « Là, on cherche », a dit Gilles, volontiers laconique, alors on a cherché. Moi, bien sûr, je n’ai rien trouvé, que dalle, hormis un minuscule lézard vivipare. Gilles, il a retrouvé sans mal quelques-unes des vipères déjà repérées le matin. Parce que Gilles, oui, va voir ses vipères deux fois par jour, le week-end. C’est sa posologie.

    Si on lui demande pourquoi cette passion, il répond : « Probablement pour les mêmes raisons qui font que la plupart des gens les redoutent ». Voilà. Pourquoi chercher à comprendre l’incompréhensible ? Certains collectionnent bien les taille-crayons. Pire, on leur donne un nom : les molubdotémophiles. Gilles, c’est moins grave. Il est juste herpétologue. Mais ça peut faire mal. Un jour il s’est fait mordre.  » C’est parce que je l’ai manipulée… Le seul coupable, c’était moi. Pour éviter tout accident, portez des bottes et laissez-les tranquilles ! » Pas de souci : j’aime les regarder, tant elles passent inaperçues à mes yeux de prosélyte, mais il ne me viendrait pas à l’idée d’y toucher. Celles qu’on observe ce jour-là sont en mue : elles ont les yeux bleus et vitreux, alors qu’ils sont rouges d’ordinaire. Dès que je m’approche trop, elles disparaissent et leur reptation silencieuse me captive autant que le vol d’un oiseau.

    Au départ, Gilles s’amusait à les compter. Encouragé par un scientifique, il a décidé de les suivre individuellement depuis 2000. Il a délimité un petit territoire à dix minutes en vélo de l’Ile Grande : 600 mètres de haies et de talus dont il fait le tour en moins de deux heures, une cinquantaine de fois par an, pour les “photo-capturer”. « Contrairement à la vipère aspic, qui présente la même taille d’écailles sur le corps et sur la tête, la vipère péliade a trois plaques céphaliques plus grosses sur la tête. Je photographie ce détail et le zigzag qui commence sur la nuque, différents selon les individus. » On en compte plus de 300 au catalogue : des blondes, des brunes, des rousses… Certaines, il peut le prouver, affichent au moins treize ans au compteur !

    Moi, je connaissais la boule de flipper. Corynne Charby peut aller se rhabiller. Gilles, lui, préfère les “boule de vipères”. Âmes sensibles, s’abstenir ! « Plusieurs mâles tentent parfois de s’accoupler avec la même femelle (ben tiens, NDLR). Il peut aussi s’agir d’individus qui profitent d’une même place d’insolation. » Là où je vois une partie fine de reptiles aux mœurs débridées, Gilles évoque « un regroupement écologique ». Et de citer le cas de ces femelles qui se réchauffaient ensemble, accélérant ainsi la maturation de leurs embryons. Il en sait des choses, Gilles.

    Photo © Gilles Bentz.

    Amateurs de zoizos et de documentaires animaliers, ne tardez plus à vous inscrire au Festival du film ornithologique de Ménigoute (Deux-Sèvres), qui se déroulera du 30 octobre au 4 novembre prochains. En attendant, retrouvez la dernière newsletter, rédigée par mes soins ! A noter cette année, la présence du talentueux dessinateur Jean Chevallier, dont quelques aquarelles figurent sur ce blog, et du duo de photographes brennou, Hellio & Van Ingen, qui présente l’expo sur l’Itinéraire d’une goutte d’eau, issue de l’ouvrage éponyme.

    Macareux moines aux Sept-Iles

    Macareux moines aux Sept-Iles (photo Gilles Bentz)

    A vrai dire il faut le savoir que c’est une île, quand on remarque à peine le pont qui la relie au continent. Presqu’île serait plus juste. On passe le moulin, où vit le maire de la ville où j’ai grandi. Et on est vite dans le bourg de granite. Avant, il aura fallu traverser la Bretagne en crabe, de Nantes à Lannion en passant par Rennes, via Redon, Bruz, Lamballe, Saint-Brieuc, Plouaret-Trégor…

    Sur la côte, je guette des yeux le moment où l’archipel apparaîtra. Surtout le caillou blanc, Rouzic, où s’affairent encore 22 000 couples de fous de Bassan, chacun autour de son poussin. Ils repartiront bientôt au large, comme l’ont déjà fait les macareux. La réserve naturelle des Sept-Iles, qui les protège, fête cette année ses cent ans et j’y ai fait mes premières armes de bénévole il y a 23 ans déjà.

    Saurais-je retrouver le chemin de la maison de Kenneth White, où j’ai échoué un beau jour, mémorable ? Humble et souriant, il m’avait accueillie comme un vieille connaissance dans son fascinant Atelier atlantique et nous avions échangé une matinée entière. Je l’ai écouté récemment sur France Inter parler d’André Breton. Je partage sa vision de la Géopoétique, « une théorie-pratique transdisciplinaire applicable à tous les domaines de la vie et de la recherche, qui a pour but de rétablir et d’enrichir le rapport Homme-Terre depuis longtemps rompu, avec les conséquences que l’on sait sur les plans écologique, psychologique et intellectuel, développant ainsi de nouvelles perspectives existentielles dans un monde refondé. »

     

    Le tombeau de François II à la cathédrale de Nante Il est rare que le soleil écrase la place Graslin de touffeur, surtout à 19 heures. L’été prend sa revanche. Ils veulent de la chaleur ? En voilà. On ne va quand même pas se plaindre. Trop d’eau, trop froid, trop chaud. Y a-t-il quelqu’un pour s’enthousiasmer dans la salle ? Regardez les athlètes des JO : ils perdent, ils sont déçus, ils font avec. Un claquage ? A peine s’ils grimacent. J’admire. Et pourtant on ne peut pas dire que je vénère le monde du sport. Remarquez, j’ai pas moufté quand je me suis brûlée ce matin en mettant mon cake au four.

    Mon chat est affalé sur le plaid Linvosges du canapé. Pour un peu, il s’éventerait, précieux comme il est. La scène, faiblement éclairée par une lampe d’appoint, semble tirée d’un magazine de design. C’est décoratif un chat.

    De mon balcon nantais, je récapitule mes dernières découvertes urbaines, après une pause à la mer. Je suis retournée voir les gisants de la cathédrale, qui prennent toute leur ampleur quand on contemple le tombeau depuis le petit promontoire installé pour le Voyage à Nantes. Les drapés sont saisissants, en marbre blanc de Carrare. Le sculpteur Michel Colombe, qui d’ailleurs œuvrait à Tours, était septuagénaire quand Anne de Bretagne lui commanda (il s’agissait de ses parents) ce que l’on considère désormais comme un chef-d’œuvre. En particulier les grandes statues des angles qui volent volontiers la vedette aux gisants. Normal, ce sont les vertus cardinales !

    Mais l’heure est venue de vous parler d’une autre vedette. Figurez-vous qu’il y a quelques jours, une rosalie des Alpes a atterri sur le balcon sus-nommé alors que nous étions à table. Les filles ont crié (ah, les filles…). Moi, je n’en croyais pas mes yeux. « Une rosalie des Alpes ! », me suis-je exclamée. Et de fait, il s’agissait bien du coléoptère que j’ai cherché maintes fois sur des trognes ou des vieux troncs. J’ai attrapé délicatement le longicorne bleu cendré tacheté de noir, au grand dam des filles, pas tranquilles. Et si ça piquait ? Et si ça mordait ? Rien de tout ça. La rencontre fut brève, mais intense. Ma rosalie s’en est allée, envolée lourdement avec ses antennes en bandoulière. Et les filles se sont calmées. Que pouvait bien faire cette espèce rare et protégée dans le parc, certes vaste, de la résidence ? Est-elle venue pour le Voyage à Nantes ?

    Minuit a sonné sur le balcon-belvédère. Une légère brise agite les branches des grands arbres du parc que je ne vois plus. Je pense à Rosalie et j’entends la hulotte. C’est chouette.

     

     

     

    Pornic, à La Fontaine aux BretonsJe ne pouvais pas faire autrement. Le ciel était bleu, sans une traînée de nuages, la mer haute, le soleil franc et le vent quasiment absent. Alors j’ai enfilé mes claquettes, descendu la côte jusqu’à la rue de la Mer, direction la Grande Plage. On ne se refuse rien. C’est la plage de mon enfance mais j’ai tendance à la bouder. Trop de monde. Je préfère le charme des criques de la Boutinardière, en contrebas du sentier des douaniers, en lisière de Pornic.

    Pas question de se poser de question. J’entre dans l’eau sans hésiter. Elle est bonne. Quelques vagues me soulèvent et je nage tantôt dans un sens, vue sur la côte, les falaises au loin, tantôt dans l’autre, vue sur les voiliers de petite envergure. Ici, point de marina. Au large, Noirmoutier apparaît comme un mirage brouillé sur l’horizon. Tous ces souvenirs qui remontent à la surface de l’eau turbide, trop salée. Des paquets d’algues qui flottent, obstacles à la méditation.

    Alors que je décide de regagner ma serviette, je prête attention à cet instant légèrement étourdissant où le ressac s’oppose à une fine lame d’eau en contresens. Les pieds, alors, s’enfoncent un peu dans le sable mouillé et je ressens un bref vertige en les observant, comme quand j’étais enfant, prisonnière des sédiments.

    Les laisses de mer derrière soi, il faut ensuite retrouver sa place en cachant au mieux son bronzage agricole. C’est qu’on a l’impression que la plage entière vous regarde…

    Pendant qu’une brise caressante sèche ma peau assaisonnée, je saisis des bribes de conversations portées par le vent ou la promiscuité. La plage est un espace hors du temps où les vacanciers, débarrassés de leurs oripeaux estivaux, perdent tout statut social. Tout au mieux reconnaît-on un père, une mère, des amoureux. Prompts à se calfeutrer derrière des clôtures le reste de l’année, les plagistes ont pour toute intimité un emplacement réduit au rectangle d’une serviette ou d’un abri Quechua. Mais où sont passés les parasols de ma jeunesse ?