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J'anime un 2ème blog dans lequel je propose une sélection de sites Web, de vidéos et d'articles divers trouvés sur Internet.
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    juin, 2012

    La couverture du numéro de juin de Touraine EcoDans le numéro de juin de Touraine Eco, j’ai rédigé le dossier sur la création et la reprise d’entreprise. On y trouve notamment une interview de Julien Dargaisse, talentueux concepteur du réseau social BuzzleMe :

    Plus que le désir d’être patron, c’est la passion qui anime Julien Dargaisse depuis ses débuts. Diplômé de l’Ecole supérieure de commerce et de management de Tours (Escem) en 2010, ce jeune entrepreneur de 26 ans avait déjà l’intention de créer sa société durant ses études. « Etudiant, je me suis heurté à un problème concret : comment me démarquer de mes camarades qui ont le même CV que moi ? J’ai donc cherché une manière de me différencier lors de ma recherche de stage, puis d’emploi. »

    Son idée a pris forme à travers un réseau social baptisé BuzzleMe, qui innove grâce à un service ingénieux : une entreprise dépose son offre d’emploi avec des questions ; le candidat postule quand il le souhaite et y répond par vidéo avec un temps limité défini par le recruteur et sans possibilité de se réenregistrer, comme dans un entretien en face-à-face. On obtient un CV interactif.

    Lauréat du Réseau Entreprendre, la startup a également été primée par la Jeune chambre économique d’Indre-et-Loire et Graines de Boss, un concours national de création d’entreprises relayé par M6. La première démarche de Julien a été de solliciter des avis extérieurs : « On peut être tenté de garder son idée secrète. En réalité, il faut la confronter au maximum et savoir s’entourer pour éviter les écueils, surtout lorsqu’il s’agit d’un concept innovant. L’incubateur de l’Escem m’a aidé à cet égard, ainsi que mon parrain du Réseau Entreprendre. »

    Julien Dargaisse développe depuis deux ans sa startup technologique. « J’ai obtenu plusieurs prêts d’honneur à 0 % via divers organismes, ce qui a été très utile pour passer de l’idée à l’exécution. » Le PDG débutant privilégie désormais les compétences en interne : « Nous sommes trois à plein temps, aidés de cinq étudiants par manque de moyens financiers. Conformément au modèle numérique, tous mes collaborateurs sont intéressés à la réussite de l’entreprise… »

    Et parce qu’il est coûteux de financer sa croissance, l’équipe recherche actuellement des fonds auprès d’investisseurs privés (si vous êtes intéressé : hello@buzzle.me). Un membre du jury de Graines de Boss veillera pendant deux ans sur cette prometteuse startup made in Tours.

    Je lis La Forme d’une ville, de Julien Gracq. L’ouvrage, à l’ancienne, impose que je déchire ses pages avec un coupe-papier. Preuve supplémentaire que cette écriture complexe se mérite. L’effort du geste prépare à la concentration. Bien avant de noircir des feuilles volantes sur la ville de son adolescence, l’Angevin écrivit : « Le cœur de Nantes battra toujours pour moi avec les coups de timbre métalliques des vieux tramways jaunes virant devant l’aubette de la place du Commerce, dans le soleil du dimanche matin de mes sorties — jaunet et jeune, et râpeux comme le muscadet. » Le tramway a changé de couleur et le muscadet gagné en qualité.

    Beaucoup de médias, dont Télérama, ont raté le Van. Comprenez le Voyage à Nantes. Rien dans ses colonnes sur la portion de façade signée Leandro Erlich qui défie les lois de la gravité place du Bouffay. Une vision surréaliste, surtout au crépuscule, sous la bruine, qui aurait séduit André Breton : « Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine », écrivait-il en 1928. Ratage ou excès de parisianisme ? Rien sur cet « archipel d’îlots changeants », comme l’appelait Jules Verne, qui investit dans une culture détonante et détonnante quand nombre de villes font grise mine. L’air de l’amer ne souffle pas sur Nantes, passée, comme l’a joliment écrit le philosophe local Jean-Claude Pinson, « du prolétariat au poétariat »

    La couverture du numéro 3 du magazine de la TouraineDans le numéro 3 (printemps-été 2012) de la revue du CDT Touraine, Ici… vivre est un art, mes articles figurent page 26 (Le savoir-faire de l’huilerie Deballon-Bonnet), page 36 (La campagne à bras ouverts), page 42 (Itinérance douce en Touraine), page 56 (Vins de Loire : côté vigne & côté ville), page 62 (Mesparrow, mademoiselle moineau). Ce numéro peut être feuilleté virtuellement sur Calameo.

    Je n’ai pas suivi la ligne rose sur le trottoir. En bonne dissidente, j’ai suivi mon instinct. J’ai coupé par la rue Harouys, celle d’où retentit certains soirs le son des binious. J’ai rejoint le passage Pommeraye. Première étape chez Agnès Varda, qui y a reproduit la boutique de téléviseurs de Piccoli dans Une chambre en ville, de Jacques Demy, tourné en partie dans ce passage couvert hors du temps. Sur les écrans, des images d’archives des quais de la Loire à Nantes, des gens qui votent à Noirmoutier, des chalands et des passants… Trop de monde sur la place Royale, où trône un mont Gerbier-de-Jonc plus proche du mamelon que du dôme ardéchois. Et tellement vert synthétique. Alors j’emprunte la passerelle et je prends un grand bol d’air estuarien, celui qui qui vient de la mer. Ça tangue un peu et le palais de justice, en face, est aussi raide qu’elle. Et tellement noir. La structure métallique du bâtiment Manny m’attire comme un aimant. J’avoue traverser le Zebra Crossing sans m’en apercevoir. Si un panneau ne me l’avait pas soufflé, je n’aurais pas remarqué les globes jaunes « Belisha beacons ». Le magasin de design dans lequel je m’engouffre a remporté la mise. J’y repère une lampe Stark, Miss Sissi, modèle rouge. Je viens de craquer pour une sculpture lumineuse Akari (terme japonais utilisé pour exprimer la clarté ou la lumière), d’Isamu Noguchi. Mais on n’a jamais assez de lumière. Rendez-nous la lumière chante Dominique A. En ressortant de cet espace enchanteur, je m’arrête un instant. La façade chante, justement. Rolf Julius a voulu la rendre audible et ça marche. Il a fait « de la musique pour les yeux ».

    Pendant ce temps, sur le toit de l’école d’archi, on joue au banaball, un sport hybride entre la balle au prisonnier et la pelote basque, où les chisteras se déguisent en banane. C’est l’un des dispositifs des Playgrounds, les JO décalés du Lieu unique. Cette grande banane allongée, on la repère depuis les bords de Loire, comme un clin d’œil au Velvet en haut de cette Factory qu’est l’Ensa. La vue est belle à 360° mais la température n’est pas à la hauteur. Le vent souffle. Je boude les transats lestés de sacs de sable et m’amuse à contempler la Tour Bretagne dans une lunette facétieuse qui la transforme en Empire State Building.

    Passé l’Absence, un curieux café snack niché dans une œuvre pérenne d’Estuaire 2009, quelques timides expérimentent les installations éphémères du quai, Mille Plateaux : tables, bancs, hamacs, que l’on peut s’approprier le temps d’une sieste, d’un pique-nique ou d’un apéro… J’ai les pieds qui surchauffent. Je m’en retourne rive droite. La ville, c’est bien vrai, est renversée par l’art. Ce n’est que ma première exploration urbaine du Van. Et j’ai jusqu’au 19 août pour m’immerger dans ce foisonnement de créativité. « Transformer le splendide gaspillage de la vie dans la sublime économie de l’art » (Henry James, via Dominique A).

    L’aéroport de La Rochelle aurait plu à Jacques Tati. C’est un hangar bleu acier aux accents estivaux, avec des barnums blancs devant. Au guichet, le seuil de discrétion fait sourire. Depuis la salle d’embarquement, j’observe sur le tarmac  l’homme au gilet jaune fluo qui agite les bras comme un automate, petit Playmobil qui aide le pilote de ligne à faire un créneau soigné.

    Une heure plus tard, propulsée outre-Manche à 900 km/h, je découvre la frénésie patriotique des Anglais, tous drapeaux dehors, y compris sur les chapeaux melon en plastique so british qui coiffent leurs têtes dans leurs décapotables, entre Bristol et Taunton. Pour éviter le traffic jam, plus épais qu’une marmelade d’orange amère, nous jetons notre dévolu sur l’itinéraire bis, via Glastonbury (hello le roi Arthur !) et son tor inquiétant, une colline irréelle dominée par un clocher.

    Le Jubilee de la reine, oui, est bien réel, et l’excitation patriotique à son comble à la ville comme à la campagne. Dimanche, une reine épouvantail nous salue mollement dans une impasse de Kilve, flanquée de trois mini-chiens bicolores. A Watchet, c’est une haletante course de brouettes et des pubs bondés en pleine après-midi. Sur le front de mer, des scènes dignes de Martin Parr.

    Ce soir, Annie Lenox et Grace Jones s’égosillent devant 70 000 personnes à Buckingham Palace et moi, je m’extasie devant leur silhouette impeccable. Pourquoi diable le taï chi ne fait-il pas maigrir ? Mes quarante ans trahissent déjà mon vif intérêt pour les cheese cakes et le saucisson sec, les cookies et la choucroute garnie, le coleslaw et les crêpes bretonnes. J’ai une semaine pour défier mes capitons sur les chemins sublimes du Somerset, bordés de haies hautes et denses. Une semaine pour courir dans les prairies vert fluo criblées de moutons (ici, c’est clairement le pays de Shaun the sheep ; les studios de Nick Park sont à Bristol). Une semaine pour renoncer à la Cotleigh brassée à Wiveliscombe, une bière à faire pâlir les ornithologues les plus sobres : les étiquettes arborent toujours des oiseaux différents. Une semaine.